Dimanche 31 juillet 2011
VIVRE LE BAPTEME
DEUTERONOME 7/ 6 – 12
Chers frères et sœurs,
Nous avons entendu tout à l’heure l’institution du baptême par Jésus ; en effet, ce 6ème dimanche après la Trinité est le mémorial du baptême. Ce matin un extrait du premier testament nous est proposé ; il est tiré du Deutéronome ; c’est une partie du discours d’adieu de Moïse : au chapitre 7, nous lisons : LECTURE DE DEUTERONOME 7 / 6 – 12.
Chers frères et sœurs : « C’est toi que j’ai choisi » voilà peut- être une formulation un peu inhabituelle de nos jours – et pourtant elle exprime la nostalgie de bien des personnes : « je voudrais bien, au moins pour une fois, être quelqu’un d’exceptionnel ; être celui qui reçoit sa chance sur le marché du travail ; être celle qui, une fois dans sa vie, gagne le gros lot ; être aimé et reconnu. Etre reconnu, cela signifie être accepté, aimé, valorisé, estimé. Arrivons- nous à atteindre ce but ? Parfois, certes, et on est fier d’avoir réussi, mais ça ne marche pas toujours ; mais alors, où puis- je trouver cette reconnaissance ?
Nous voici arrivés au thème central de notre texte de prédication, et peut- être aussi à celui du baptême chrétien : l’élection ou la reconnaissance. Il en va de quelqu’un qui dit oui à un être humain, voire à toute l’humanité. C’est le grand thème de l’amour : que l’un dise oui à l’autre, qu’il le dise sans conditions préalable sans discussion ni restrictions, sans oui, mais … Voilà exactement ce que notre texte décrit- ici, certes, il ne s’agit pas d’un événement individuel ou personnel, mais de quelque chose de collectif. Tout le peuple d’Israël a été choisi par Dieu ; c’est- à – dire qu’il a été aimé et qu’il est aimé jusqu’au jour d’aujourd’hui. Dieu dit oui à son peuple d’Israël ; il l’aime, et cet amour vaincra tous les obstacles. Comme il est dit : « Toi, peuple d’Israël, l’Eternel ton Dieu t’a choisi, afin que, parmi tous les peuples qui vivent sur la terre, tu deviennes le peuple qui lui appartient personnellement ».
En fin de compte, c’était du pur arbitraire, de l’aléatoire relevant du : « bon plaisir » : le peuple d’Israël n’avait certes pas accumulé les mérites. Ce peuple n’était ni grand, ni puissant ; il ne connaissait pas la réussite, et sans doute, il n’était pas particulièrement pieux. Malgré tout cela, Dieu l’a choisi parmi tous les peuples comme Son peuple, parce qu’il l’aime. (Et on sait que l’Amour ne s’explique pas- Je préfère éviter de parler de l’Amour qui serait la plus haute forme de folie, ce serait manquer de respect- cependant, si, par ce moyen, l’inexplicable peut être expliqué ou l’ineffable exprimé, si par là on veut dire qu’on ne peut pas comprendre cet éclair de la pensée divine ou ce « coup de cœur » de Dieu, alors c’est vraiment la forme supérieure de l’Amour fou.
L’Amour ne connaît donc pas de cause logique ; pour l’eunuque éthiopien, dont l’histoire de son baptême figure parmi les textes prévus pour ce jour ; aucune condition préalable n’est mentionnée ; condition qu’il aurait eu à remplir pour être baptisé. Le diacre Philippe le baptise sans condition préalable ; c’est sans aucune raison qu’il est admis à expérimenter la reconnaissance et l’estime que Dieu a pour lui ainsi que le fait qu’il appartient dès lors à la famille des enfants bien – aimés de Dieu. L’Amour ne repose donc pas sur des raisons matérielles, ni sur des causes logiques ; l’Amour se manifeste seulement dans le fait que celui qui aime (dans ce cas précis, Dieu lui- même) prouve son amour envers son (ou ses) bien – aimé(s). La preuve et l’expression de l’Amour qui est mentionnée ici, c’est l’Exode, donc la délivrance de l’esclavage ; ce qui était une preuve absolue et ultime de l’Amour de Dieu pour son peuple. « C’est pourquoi Dieu vous a fait sortir à main forte et à bras étendu, et il t’a délivré de la main du Pharaon, du roi d’Egypte »
Cet amour de Dieu conduit Israël vers la liberté. L’Amour rend libre- libre de toutes les contraintes que l’être humain s’impose lui- même : la recherche désespérée de la reconnaissance, de l’estime, d’un sens, le désir désespéré d’être enfin aimé. Il n’est pas nécessaire ici de séparer les termes : reconnaissance, estime, amour, élection, choix ne se différencient peut- être seulement que dans l’un ou l’autre des termes ce sont des personnes individuelles et bien distinctes qui sont concernées (et là, a devient intéressant pour la théologie chrétienne du baptême) ; d’autre part, c’est une collectivité qui est concernée, l’ancien peuple de Dieu : Israël.
L’Amour surmonte même les situations de crise, comme en a vécu le peuple d’Israël- des situations dans lesquelles ils pensaient plutôt que c’est justement là que Dieu les avait abandonnés et laissés tomber comme des vieilles chaussettes ou des Kleenex. Rappelons seulement la crise du temps de l’Exil : Même l’abandon temporaire (ce qui faisait au moins 40 voire 70 ans !) a été, et est encore compris ou expliqué comme le combat de Dieu pour regagner son peuple. C’est justement dans l’abandon temporaire que Dieu aurait prouvé son amour, qu’il aurait essayé de reconquérir pour lui son peuple d’Israël. En fait, c’est une représentation fantastique : justement le fait de me détourner de mon vis à – vis démontre mes efforts pour regagner son amour. Les parents parmi nous peuvent très bien comprendre cela, lorsqu’ils doivent sévir et apparaître comme ceux qui punissent leur enfant ; qu’ils doivent le faire justement parce qu’ils aiment leurs enfants et qu’ils veulent les conduire ou les ramener sur le droit chemin dans leur propre intérêt.
Il ne reste plus qu’à expliquer pourquoi Moïse raconte tout cela à son peuple. Notre texte suit ici un ordre théologique inhabituel, puisque, là, l’évangile mène à la loi, autrement dit à l’exigence envers le peuple : « Sache que le Seigneur, ton Dieu, est le seul Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance et sa miséricorde jusqu’à la millième génération envers ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements…c’est pourquoi, gardez les commandements… » dit- il. Moïse voudrait que les bien- aimés, les bien – aimés de Dieu, vivent de cette estime. Et pour lui cela veut aussi dire qu’ils observent les commandements et les ordonnances de Dieu. Nous savons par le reste de la bible et par l’histoire, que les élus de Dieu sont souvent restés redevables de cette réponse à l’Amour divin. Mais nous pouvons croire avec confiance que Dieu reste fidèle à ses choix et à ses promesses, il assume son Amour jusqu’à la millième génération ! Amen.
Emile Bauer Pasteur à PRINTZHEIM.
Cantiques possibles :
E. G. 200 ; 587 ; 592 ARC. 574 ; 577 ; 528 ; 545 ; 537
¼ – Service des Lecteurs – SL – 33 – 31.07.2011 – Emile BAUER