2013 . 02 : 2e dimanche après la Trinité

Dimanche 9 juin 2013
      2ème dimanche après la Trinité

              Esaïe 55, 1-5
               L’invitation


Texte et contexte

Le thème de ce 2ème dimanche après la Trinité, c’est l’invitation à se rassasier auprès de Dieu avec sa bonté et sa paix. Ceci est le fil conducteur de tous les textes, lectures et Psaume. Le texte de prédication, Esaïe 55, 1-5, appartient au soi-disant Deutero-Esaïe. On estime que l’auteur ou les auteurs de cette deuxième partie du livre sont issus d’une « école » d’Esaïe. Tandis que la première partie annonce – dans le contexte historique de la montée en puissance de l’Assyrie – la punition d’Israël, cette deuxième partie parle de la fin de l’exil sous Cyrus II. Elle assure Israël qu’il est, encore, le peuple choisi par Dieu et que Dieu le relèvera. Comme Israël est dispersé par l’exil, l’espoir ne se limite plus au peuple d’Israël, mais concerne tous les peuples qui reconnaitront JHWH comme seul et unique Dieu. Ils prendront tous part au salut (voir Esaïe 55, 5). Et dans cette optique on peut facilement et légitimement s’approprier ce texte encore aujourd’hui et prétendre que la Parole dite au peuple Israël vaut encore et pour le monde entier.

Prédication

Chers frères et sœurs !

A quelle catégorie appartenez-vous?
A celle des optimistes qui admirent encore le merveilleux coucher de soleil au moment où le bateau s’écroule ?
Ou êtes-vous plutôt un pessimiste qui, en regardant les belles pommes rouges dans le panier, pense déjà qu’elles seront ratatinées dans quelques jours ?
Pendant qu’on reproche aux uns de fermer les yeux devant la réalité et d’empêcher ainsi qu’on s’attaque sincèrement aux problèmes du monde et à la détresse dans laquelle vit une grand partie de l’humanité, on traite les autres vite de moroses et on leur reproche de décourager tous ceux qui les entourent.

Evidemment il y aussi les caractères joyeux qui tout en étant optimistes gardent les pieds sur terre, et les pessimistes qui se défendent en disant : «  Les pessimistes d’aujourd’hui sont les réalistes de demain. »
Ces derniers, obtiendront-ils gain de cause  et feront-ils mentir ceux qui ont la foi dans le bien et le progrès?
Entre l’optimisme aveugle et le pessimisme fataliste, quelle est l’attitude véritablement « évangélique »  qu’on devrait adopter ?

Une grande force d’attraction émane quand même des prophètes apocalyptiques et des scénarios de la fin du monde.
La fin, annoncée pour décembre 2012, ne s’est pas réalisée. Mais qui est-ce qui s’y attendait réellement ?

Or, la tendance d’écouter et de croire plutôt les pessimistes vient certainement des expériences personnelles, et  pas seulement de la nôtre, mais celles des générations avant nous. En effet, ceux qui ne voient pas un progrès de l’humanité sur le plan  intellectuel ou éthique n’ont-ils pas raison ?

Parfois on a l’impression que l’histoire se répète. Les hommes ne cessent de faire la guerre, de torturer, de persécuter, de tuer et de profiter de la faiblesse et de la dépendance des autres pour s’enrichir.
En quoi donc l’humanité a-t-elle fait un progrès ?
Le monde aspire encore, malgré toutes les expériences douloureuses et les progrès scientifiques, à la paix et à une humanité qui ne connaît plus la pauvreté et la faim.

Au milieu de cette réflexion pessimiste et noire nous écoutons les paroles du prophète Esaïe, dans un monde qui semble être encore le même que celui d’il y a plus de 2000 ans.

« Vous tous qui avez soif, venez vers l’eau, même celui qui n’a pas d’argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait sans argent, sans rien payer! »

L’optimiste dirait : Quel enthousiasme ! Quelle excitation ! Le prophète se sent pousser des ailes ! Tout va changer, un avenir merveilleux nous attend !
Le pessimiste opposerait : Encore un de ces appels en vain. Qui écoutera l’appel ? Qui le suivra ? Personne ne croira que pain et eau seront gratuits, et ne serait-ce que pain et eau qui sont des images pour la grâce de Dieu. Dans le monde rien n’est gratuit. Et alors, écouter le prophète aujourd’hui, qu’est-ce que cela changera pour nous, pour ce monde ?

Et le réaliste dira : il y a certainement une raison pour laquelle le prophète parle en ces termes, cela pourrait être intéressant !

Eh oui, il a une bonne raison ! Mais qu’est-ce qu’il lui arrive ? Pas moins que la liberté à laquelle son peuple a songé depuis presque 60 ans. Exilé à Babylone après la chute de Jérusalem ils ont un nouvel espoir  avec l’arrivée du roi perse Cyrus, considéré comme l’instrument de Dieu, qui va permettre le retour des déportés dans leur patrie. L’espérance devient vivante !

Et nous ? L’espérance devient –elle vivante ? La joie peut à nouveau se lire sur les visages et dans les cœurs. Quand et où avons-nous vécu ou vu une chose pareille ces derniers temps ? Quand est-ce qu’un enthousiasme a été tellement contagieux qu’un nouvel espoir soit né ?

L’événement ou les événements qui nous viennent à l’esprit sont peut-être les révolutions dans les pays arabes ou encore quelques années avant la perestroïka dans les pays de l’est qui culminait avec  la chute du mur.

Là aussi on voyait des visages euphoriques et on sentait une certaine insouciance car tout allait devenir mieux qu’avant. Fin de la restriction, des frontières qui séparent les hommes, fin des  menaces mutuelles et des idéologies inhumaines.
Des grandes visions de liberté, de prospérité et de paix touchaient les cœurs.
Tout semblait être possible.

Seul les pessimistes, – ou étaient-ils les réalistes ?- doutaient du bonheur et prédisaient un réveil sans illusions. Et ils obtenaient gain de cause, malheureusement. Les difficultés ne tardaient pas et la réalité peu enthousiasmante chassait les visions euphoriques.

Néanmoins, les paroles du prophète résonnent encore dans l’oreille, et il ne cesse pas d’annoncer : « Ecoutez-moi vraiment et vous mangerez ce qui est bon, vous savourerez des plats succulents. Tendez l’oreille et venez à moi, écoutez donc et vous vivrez! »
Ce qu’il annonce, contre toute expérience humaine et contre toute désillusion, est la possibilité d’une vie comblée, épanouie, sans manque. Gratuitement !
Eh oui, gratuitement, pas seulement bon marché.

Aujourd’hui nous sommes peut-être plutôt réticents quand quelque chose est « gratuit », parce que ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur. Mais en retraçant l’origine de ce mot jusqu’ à sa racine latine, nous découvrons que gratuit vient du mot « grâce ». « Gratuit » c’est ce qui est donné par la grâce et non par le mérite ou parce que c’est payé.
Autant le prophète est convaincu que le peuple d’Israël a assez payé pour ses fautes par l’exil à Babylone, autant il sait que ce qu’il espère pour son peuple ne peut être ni gagné ni mérité. Par la grâce de Dieu il retrouvera le bonheur, la paix, la justice et la liberté.

L’eau et le pain seront gratuits, mais l’appel enthousiasmant contient une seule condition : écoutez vraiment !
Dieu attend l’attention et la réponse de ceux auxquels il offre ses bienfaits.

En effet, le prophète a deux espoirs qui l’animent : la grâce que Dieu veut accorder à Israël, mais aussi que le peuple, enfin, va écouter le Seigneur. Qu’ils aient appris de leurs de leurs fautes et se convertissent de tout leur cœur, leur âme et leur esprit. Qu’il y ait un changement profond après tout ce qu’ils ont vécu avec leur Dieu.
Car Dieu n’est pas seulement présent dans le bonheur, mais aussi, et surtout dans les moments sombres.

Dans nos exils, dans nos moments sombres nous entendons aussi la voix : « Venez car le Seigneur vous appelle, écoutez sa Parole qui est pain et eau et vous vivrez car la nourriture que le Seigneur vous donne est l’espérance et la force pour vivre. Cela ne s’achète avec aucun argent du monde, c’est gratuit. » Et c’est pour cela que la promesse de Dieu vaut pour toujours ; elle ne s’épuise jamais, elle est la source qui coule intarissablement du rocher et la manne qui se renouvelle chaque jour.

L’attitude que Dieu attend de nous n’est donc ni un optimisme aveugle ni le pessimisme fataliste, mais l’espérance. Elle n’est pas une attitude qui ignore la réalité. L’espérance se bat jour après jours pour un monde meilleur. L’espérance a besoin de l’enthousiasme pour ne pas accepter la fatalité de la situation désastreuse de notre monde d’aujourd’hui. Elle a besoin de se laisser pousser des ailes, comme le prophète Esaïe, pour pouvoir regarder au-delà. Et elle peut déjà voir de loin un monde libéré, apaisé et heureux que les prophètes de toutes époques nous promettent.

Je sais bien que je ne vais pas changer le monde, ne pas avoir les solutions pour tous les problèmes, ne pas apporter le salut. Mais en écoutant la Parole de Dieu je peux être confiant, courageux et même enthousiaste car le Seigneur a promis de revenir et d’établir son royaume de paix et de justice. Ce seront donc ceux qui ne cessent pas de travailler pour ce royaume au milieu de nous qui obtiendront gain de cause, et non les pessimistes qui prédisent la fin du monde, ou les optimistes qui détournent leurs yeux devant la réalité et restent les bras croisés.

Cela me donne de la force et du courage et me fait pousser des ailes et je peux me réjouir d’ores et déjà de l’avenir qui nous attend. Amen


Prière d’intercession

Avec confiance prions le Seigneur !

Eternel ! ta bonté atteint jusqu’aux cieux,
Nous faisons appel à toi pour ceux qui ont faim et soif d’amour et d’empathie,
qui souffrent de la solitude et de manque de compréhension ;
qui ont les cœurs brisés et perdu  confiance en eux-mêmes et dans le monde.
Nourris-les avec ta Parole et console-les par ton Esprit Saint.
Aide-nous à être à l’écoute et à partager les dons que nous avons reçus.

Seigneur, ta fidélité va jusqu’aux nues.
Nul ne se perd chez toi. Mais dans notre monde des hommes et des femmes perdent tout repère, fuient leur pays, sont sans abris, sans secours.
Nous prions particulièrement pour ….
Des enfants deviennent orphelins par la guerre ou la maladie.
Dieu miséricordieux, aie pitié d’eux et donne-nous d’accueillir ceux qui ont besoin de notre aide et de notre secours.

Seigneur, ta justice est comme les montagnes.
Le monde aspire vers ta justice et ta paix !
Trop d’espoirs ont été déçus, les hommes n’arrêtent pas de chercher le pouvoir et la prospérité au détriment des plus faibles et de plus fragiles.
Nous te prions pour les responsables en politique et dans l’économie :
que la sagesse et le discernement animent leurs actes et décisions et
qu’ils œuvrent pour une répartition des biens et des moyens plus juste afin qu’un jour personne ne connaisse plus la faim et meurt du manque d’eau.

Car tu soutiens les hommes et les bêtes et tu les rassasies de l’abondance de ta maison.
Auprès de toi est la source de la vie ; c’est pourquoi nous te disons :
Notre Père…


Propositions de cantiques

AL 21-19 « Seigneur, nous arrivons »
AL 36 (Psaume 36 chanté)
AL 41-31 « La terre est à Dieu »
AL 24-16 «  Tu nous invites à la fête »
AL 62-86 « Toi, lève-toi ! »

Léa LANGENBECK