2010. 02 : FETE DE LA REFORMATION

Dimanche 31 octobre 2010

Romains 3, 21-28

Plan de la prédication :

–    « Le juste vivra par la foi » (Rom. 1 /17) Obéir à la Loi ne permet pas de devenir juste. Expériences de M. Luther et de l’apôtre Paul. ?
–    Qu’est-ce que la foi ? L’exemple d’Abraham.
–    Le besoin de se justifier.
–    C’est Dieu qui justifie et qui nous sanctifie dans la foi en lui.
–    Accueillir la grâce permet de se mettre au service du Seigneur.

    « Le juste vivra par la foi » (Rom1/17). Quand Martin Luther a découvert cette affirmation de l’épître aux Romains, ce fut pour lui un choc, la fin de toutes ses angoisses et surtout la libération de la peur d’être damné et rejeté par Dieu. Longtemps Luther a cherché, par toutes sortes de privations et de mortifications à mériter le ciel, il voulait vaincre ses tendances naturelles qui le portaient loin de Dieu et de ses exigences, il a connu le désespoir de continuer à pécher malgré tous ses efforts. Tout à coup, c’est la révélation : les œuvres sont inutiles pour gagner le paradis, seule la foi peut nous rendre juste devant Dieu. Dieu nous aime gratuitement tels que nous sommes et le salut ne dépend pas de nos efforts et de nos actions, mais de la grâce seule.

    Le passage de Rom. 3/21-28 peut nous paraître compliqué, mais son message est simple, il suffit de croire pour être juste. Paul s’était efforcé, lui aussi, d’observer les lois et les commandements de Dieu, il en est devenu fanatique, violent et agressif au point de vouloir anéantir ceux qui lui semblaient hérétiques dans leur doctrine. À la différence de Luther, il ne doutait pas, ses actions lui semblaient justes et voulues par Dieu. Il a fallu une révélation extraordinaire et inattendue pour que Paul fasse l’expérience d’une rencontre avec le Christ vivant. Désormais toutes ses valeurs se sont trouvées bouleversées, Paul a compris qu’il faisait fausse route. Si le Christ l’a choisi, lui l’ennemi des amis de Jésus, c’est par pure grâce. Paul a été appelé, il a répondu par la foi et il a été justifié par Dieu. C’est son expérience.

    Mais qu’est-ce que la foi ? Suffit-il de croire que Dieu existe ? Paul nous donnera un autre exemple dans la suite de la lettre aux Romains (ch.4), c’est celui d’Abraham que l’on a appelé le « père de la foi ». Dans les premiers temps du monde, les hommes n’étaient reliés à Dieu que par l’obéissance à la loi et aux commandements, ils ne s’adressaient pas à Dieu directement par la parole, ils le vénéraient par des offrandes et des sacrifices (Cf Gen 4 Caïn et Abel). Dieu faisait partie de leur vie quotidienne, des pratiques de la tribu et du clan. Avec Abraham s’ouvre une nouvelle ère. Abraham quitte les pratiques de son clan, il répond à l’appel de Dieu et se met en route uniquement grâce à l’espérance de la promesse Divine. La foi d’Abraham est toute autre. On voit un homme qui discute avec Dieu, au point parfois de contester les plans divins (cf. Sodome et Gomorrhe dans Genèse 18 et 19), mais aussi Abraham est un homme qui sait faire confiance même quand il ne comprend pas la volonté divine (cf. le sacrifice d’Isaac Gen.22). Abraham ose se tenir debout devant le créateur du ciel et de la terre pour entrer en dialogue avec lui. Dieu n’est plus un commandement auquel il faut se soumettre, il devient une Parole qui appelle à la rencontre, au dialogue, au tête-à-tête, au vis-à-vis. Seule cette foi a fait d’Abraham, un juste.

    Qu’en est-il de notre foi à nous ? Beaucoup de nos contemporains ont une foi et une conception de Dieu antérieures à celles d’Abraham. Beaucoup assimilent encore Dieu au destin. Si tout va bien, on est heureux et reconnaissant, mais si tout va mal on accuse Dieu, on se révolte et on lui reproche de ne pas exister. Quel est alors le sens de notre vie ? La volonté de devenir juste fait cruellement défaut à notre époque. Par contre, on passe son temps à se justifier. On justifie ses décisions, ses choix, ses actions devant les autres. Le besoin d’exister est fort. Qui suis-je si je perds ma beauté physique, ma santé, ma femme, mon travail, mon confort matériel ? Qui suis-je ? Ai-je ma place dans la société, ai-je le droit d’exister ? Ai-je raison ? Autant de questions qui peuvent tourmenter nos contemporains dans un contexte dur et impitoyable. La bonne nouvelle de notre texte, c’est que nous n’avons pas besoin de nous justifier. C’est Dieu qui justifie notre existence, nous avons notre place auprès de lui,’ il nous aime et a un projet pour chacun d’entre-nous.

    Jésus nous avait dit qu’il n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir. Il ne faut pas se méprendre, Paul ne dit pas que la Loi est morte. Il écrit que son rôle principal est de nous faire prendre conscience de notre nature de pécheur et que par nos propres forces nous ne pouvons l’observer parfaitement. Quand nous sommes dans une relation de foi avec Dieu, nous entrons dans un dialogue par la prière, nous vivons dans la confiance malgré tous les aléas de la vie, nous comptons comme Abraham sur la promesse divine, nous ne sommes pas fatalistes, mais nous vivons d’espérance. Alors quelque chose se transforme dans notre être, laisser Dieu agir en nous fait de nous de nouvelles créatures. Peut-être pas du jour au lendemain. Luther ne disait-il pas : « j’ai noyé le vieil homme, mais le coquin, il sait nager ! » « Nous sommes tous des pécheurs pardonnés et des mendiants de la grâce ». Cette grâce, ce pardon offert une fois pour toutes sur la croix par Jésus-Christ nous ouvrent à la sanctification. Ce n’est pas parce que nous sommes justes que nous accomplissons des œuvres justes, mais c’est parce que nous accueillons la grâce de Dieu et que nous sommes dans une relation de foi et de confiance que Dieu agit en nous et nous permet d’accomplir ce qu’il a prévu pour chacun d’entre-nous.

    Pour conclure, permettez-moi de vous raconter une petite histoire. Un mendiant frappe chez un riche propriétaire, avare de réputation, pour travailler dans son domaine. Il travaille dur et en fin de matinée, il réclame son dû. Le maître le renvoie chez son voisin en lui disant : « Va chez cet homme généreux ! Il te donnera à manger ». Notre homme se rend chez ce voisin et il découvre la présence de nombreux mendiants, invités à la table du maître et qui n’ont pas travaillé. Notre homme s’en étonne et le propriétaire généreux lui dit : « si tu avais frappé chez moi je t’aurais donné à manger gratuitement, sans contre partie. » À ce moment, les autres convives se lèvent et disent : « maintenant que nous avons mangé, que vous nous avez accueillis gratuitement, que nos forces sont renouvelées, nous aimerions travailler pour vous. »

    Il en est de même pour la vie de foi. Justifiés, accueillis gratuitement par la grâce de Dieu, nous nous tenons devant lui dans une relation de foi et confiance, alors nous ne pouvons que nous mettre à son service par amour et par reconnaissance.
Amen

Françoise Gehenn, pasteur à Thann et Fellering

Cantiques

ARC : Ps 46 /1-3; Ps 68 /1, 2+5; 543 /1-4; 622 /1+3-5.
All.    Ps 46 /1-3; Ps 68 /1, 2+5; 37.01 /1-4; 47.07 /1+3-5; 33.02 /1-3.

Service des Lecteurs – SL – 46 – 31.10.10 – Françoise GEHENN