Chers collègues,
Recevez mes cordiales salutations.
J’ai pensé que pour préparer la Réforme 2017 et le Jubilé, il vous serait utile de pouvoir chanter des cantiques de Martin Luther, conformes aux textes originaux du Réformateur, et non selon les traductions très éloignées des chants originaux qu’on trouve dans les livres de cantiques français actuels. Je vous transmets ici le texte de la conférence que j’ai eu l’honneur de tenir à Paris, Dans l’église de Billettes, lors du « Protestants en fête » de 2013. J’ajoute une notice biographique de Lutherqui peut vous être utile.
Une partie des textes français des chants de Luther figure sur mon site Internet www.chants-protestants.com , rubrique Chants, Chants d’auteurs, chants de Martin Luther. Vous souhaitant une belle préparation du Jubilé de la Réforme, je vous salue fraternellement en Christ.
Yves Kéler
LES CHANTS DE MARTIN LUTHER
LA REFORME DE LA MESSE
LES ANNEES 1523-1526
Dans les années 1523 à 1526, soit durant 4 années, Luther se préoccupe de réformer les différents cultes de l’Eglise, et en particulier la messe dominicale. Celle-ci se tenait en latin, avec quelques chants allemands pour le peuple.
3 textes importants vont paraître sur la liturgie et l’ordre du culte :
1523 : Von Gottisdienst, du service divin (le mot « Gottesdienst », qui signifie culte apparaît
ici)
1524 : Formula Missae Wittenbergensis, Formulaire de la Messe à Wittenberg, qui donne
l’ordre de la messe romaine, expurgé du sacrifice. Les répons liturgiques latins sont
indiqués.
1526 : Deudsche Messe, la Messe allemande, qui donne en gros le même ordre, mais en
allemand, avec les premiers répons allemands et les premiers chants pour l’assemblée
Et pour les cantiques : un paquet de 24 chants en 1524
Ce chiffre est important : 24 cantiques sur un total de 34, soit 70% des cantiques de Luther.
Ces 24 cantiques sont imprimés en trois étapes dans l’année 1524, dans trois livres :
1. Etliche christliche Lieder, quelques chants chrétiens, à Wittenberg. Ce livres est appelé
« Achtliederbuch – Livre de 8 chants », parce qu’il n’en comptait que 8, dont 4 de Luther
2. Enchiridion = Ein Handbüchlein, Manuel (qu’on tient en mains), avec 25 chants, dont 14
de Luther; imprimé à Erfurt.
3. Geistiche Gesangbüchlein, petit livre de cantiques spirituel, de Wittenberg, avec 37 chants
dont 24 de Luther.
Le terme de « Gesangbuch – Livre de cantiques apparaît pour la 1ère fois. Luther est le créateur du Livre de cantiques. C’est lui qui prend l’initiative de ces impressions. Il y fait paraître ses chants, mais associés à ceux d’autres auteurs, parce qu’il travaille pour toute l’Eglise avec les autres poètes et musiciens de l’Eglise, et pas pour lui seul.
(différence entre Livre de cantiques luthérien 16e S. , et Recueil de cantiques réformé 19e S. ::
Livre de cantiques est un recueil très construit, évolutif et englobant tout, cantiques et liturgies, dès le départ, pour chanter, au culte et à la maison. On ne cesse d’ajouter des chants. Certains livres auront jusqu’à 800 ou 1000 chants. « Recueil de cantiques » contient l’idée de collection : on réunit, on recueille, au début du 19e siècle, dans un livre les chants qu’on va employer. D’abord les restes du Psautier français, 75 Psaumes au mieux, et divers cantiques qu’on ajoute. Ce type de recueil aura un contenu plus ou moins hétéroclite, comme on peut le voir encore aujourd’hui avec les recueils réformés français.)
Dans cette année 1524, paraissent donc les 3 plus anciens livres de cantiques du monde. Le 1er Psautier de Calvin, imprimé à Strasbourg, date de 1539, soit 15 ans plus tard.
Le plan de base du Livre de cantiques luthérien, en 3 parties, est donné : I. l’année de l’Eglise ; II. L’Eglise, la Parole et les sacrements ; III. La vie chrétienne.
A. LES CHANTS DE 1524 : détail des 24 chants |
I. L’année de l’Eglise : 10 chants
Avent : Nun komm, der Heiden Heiland Viens, rédempteur des païens, latin chanter
Noël : Christum wir sollen loben schon, Du point où le soleil renaît latin
Gelobet seist du, Jesu Christ, Loué sois-tu, Seigneur Jésus alld ancien
1er Noël : Mit Fried und Freud ich fahr dahin, Je pars en paix, je vais à Dieu alld
Epiph. : Was füchst du, Feind Herodes, sehr Pourquoi, Hérode, crains-tu tant latin
Pâques : Christ lag un Todes Banden Le Christ reposait dans la mort alld
Jesu Christus unser Heiland Jésus-Christ, Sauveur du monde alld chanter
Pentec. : Komm, Gott Schöpfer, Heiliger Geist Viens, Créateur Dieu,
(Veni Creator Spiritus) Saint-Esprit latin
Komm, Heiliger Geist, Herre Gott Viens, Saint-Esprit, Seigneur Dieu alld ancien
Nun bitten wir den Heiligen Geist Nous t’invoquons, Seigneur alld ancien
Saint-Esprit chanter
II. Eglise, Parole et Sacrement : 11 chants
Eglise : Ach Gott, vom Himmel sieh darein Regarde, ô Dieu, du haut
(Ps 12 : combat) des cieux alld
Es woll uns Gott genädig sein Dieu nous bénisse dans sa grâce alld
(Ps 67 : sortie du culte)
Wär Gott nicht mit uns diese Zeit Si Dieu n’avait pas été là alld
(Ps 124 : combat)
Es spricht der Unweisen Mund wohl La bouche des insensés dit alld
(Ps 14 : combat)
Credo : Wir glauben all an einen Gott Nous croyons tous
en un seul Dieu alld ancien
Prière : Gott der Vater wohn uns bei Dieu le Père, assiste-nous alld
Cène : Gott sei gelobet und gebenedeiet Gloire et louange au Dieu
secourable alld
Jesus Christus, unser Heiland Jésus- Christ, notre saint
Sauveur latin
Prépa- Dies sind die heilgen zehn Gebot Voici les dix commandements alld
ration : Mensch willst du leben seliglich Si tu veux vivre saintement alld
Mariage : Wohl dem, der in Gottes Fucht steht Heureux qui vit en
(Ps 128 : mariage craignant Dieu alld
III. Vie de l’Eglise : 3 chants
Justi- Nun freut euch, lieben Christen gmein Mes frères, louez le
fication : Seigneur alld
Mort, : Aus tiefer Not schrei ich zu dir Des lieux profonds je crie à toi alld
Enterret : Mitten wir in Leben sind Au milieu de notre vie latin
1ère conclusion
a. Luther reprend la tradition antérieure
6 de ces chants sont traduits du latin
Veni Redemptor gentium Avent Ambroise 4e S.
A solis ortus cardine I Noël Aurelius Prudentius Clemens 4e – 5e S.
II Epiphanie « « « «
Veni Creator Spiritus Pentecôte Rhaban Maur 809
Jesus Christus nstra salus Jan Hus 1400
Media in morte sumus Salzburg, Bâle 14e S.
4 proviennent de chants allemands antérieurs en une seule strophe
14 sont des compositions propres de Luther
4 sont des développements en trois strophes de strophes uniques allemandes
Komm, Heiliger Geist, Herre Gott Bavière 1480
Nun bitten wir den Heiligen Geist Ratisbonne 1272
Wir glauben all an einen Gott Breslau 1417
Gott der Vater wohn uns bei 15e S.
Ce qui fait un total de 10 cantiques sur 34
b. Il compose un groupe de 7 Psaumes pour le culte
Ach Gott vom Himmel sieh darein Ps 12 combat
Es woll uns Gott genädig sein Ps 63 sortie du culte
Wär Gott nicht mit uns diese Zeit Ps 124 entrée du culte
Wohl dem, der in Gottes Furcht steht Ps 128 mariage
Es spricht der Unweisen Mund wohl Ps 14 combat
Aus tiefer Not Ps 130 consolation, mort
c. Il ajoute aux chants latins de Noël et de Pentecôte des chants allemands pour faire
deux cycles entiers
Luther a traduit A solis ortus cardine sous le nom de Christum wir sollen loben schon =
Du point où le soleil renaît.
Il ajoute : Gelobet seist du Jesu Christ – Loué sois-tu, Seigneuer Jésus
Mit Fried und Freud ich fahr dahin – Je pars en paix, je vais à Dieu
Tous deux pris dans Luc 2
Luther a traduit Veni Creator Spiritus – Viens, Créateur Dieu, Saibnt-Esprit ;
Il ajoute Komm, Heiliger Geist, Herre Gott – Viens, Saint-Esprit, Seigneuir Dieu
Nun bitten wir den Heiligen Geist – Nous t’invoquons, Seigneur Sain-Esprit
2e conclusion
a. Le travail de Luther est programmatique : il veut fournir des chants pour chaque partie du culte et de la vie chrétienne. Son oeuvre n’est pas née d’une inspiration personnelle et individuelle, mais d’une volonté « technique » de réformer le culte dans son ordre et dans son contenu, en particulier par des chants permettant à l’assemblée de participer. C’est le retour à l’Eglise du peuple, et le rejet de celle des clercs. Fini de lire la messe et de l ‘écouter : le culte est celui du peuple, l’officiant préside l’office des fidèles, pas le sien.
b. Ce travail va s’appuyer sur l’écrit. Luther emploie la nouvelle technique de son temps, l’imprimerie, et il fait imprimer ses chants, parce que les fidèles ne peuvent pas apprendre tous ces textes par cœur. Il crée ainsi un « matériel pour le culte », que les gens auront en mains : le recueil de cantiques.
Luther crée ainsi les 3 piliers de l’Eglise nouvelle :
1. la Bible : NT en 1521, Bible complète en 1534
2. le Livre de cantiques, qui va refléter toute la vie cultuelle et aussi familiale de la
communauté
3. le catéchisme : le Grand catéchisme en latin et le Petit catéchisme en allemand
paraîtront tous les deux en 1529
En l’espace de 6 ans, de 1524 à 1530, date de la Confession d’Augsbourg, ces trois piliers seront en place. Calvin fera la même chose : Bible, par Olivétan, son cousin, Psautier par Marot et Bèze, catéchisme par lui-même.
b. Le but de tout ce travail colossal est la réforme de l’Eglise : réforme doctrinale, liturgique, catéchétique et diaconale
Luther n’attend pas la convocation d’un éventuel Concile. Celui-ci n’aura lieu qu’en 1545, avec le Concile de Trente, un an avant la mort de Luther en 1546 (le Concile de Trente s’étirera sur 18 ans, de 1545 à 1563, en trois périodes de 5 + 2 + 2 = 9 totalisant 9 années.) Toute l’œuvre de Luther est donc en place avec toutes ses bases à sa mort. En fait dès 1530 dans les grandes lignes : il suffira de le compléter, ce que fera la génération suivante.
B. LES CHANTS D’APRES 1524 |
1. LES LITURGIES
2. LES CANTIQUES RESTANTS
1. LES LITURGIES |
Dans ses 3 écrits de 1523,1524 et 1526 sur le culte, Luther parle de la liturgie et des pièces du culte, en particulier des répons liturgiques.
Par exemple le « Kyrie » : en 1525, en latin, il dit qu’on le chante 9 fois, c’est-à-dire : « Kyrie eleison, Christe eleison, Kyrie eleison », qui fait 3 membres, chanté 3 fois, ce qui donne 9. Mais en 1526, dans la Messe allemande, il dit de ne le chanter que 3 fois. C’est la forme qu’il adoptera : « Seigneur aie pitié de nous, Christ, aie pitié de nous, Seigneur, aie pitié de nous », qu’il achève par un Amen, création de lui. (Chanter, en français.)
De fait, il y a deux types de chants ou de répons liturgiques :
a. Ceux que Luther reprend du latin et traduit très soigneusement :
5 de 1526 à 1529, sur 4 ans
2 en 1537 et 1538, sur trois ans
Te Deum Herr Gott, dich loben wie, Herr Gott dich preisen wir,
sur la mélodie latine simplifiée, 1529
Kyrie Herre Gott, erbarme dich, dont nous venons de parler, 1526
Gloria in excelsis All Ehr und Lob soll Gottes sein – Gloire et louange soient à
Dieu, 1537
Credo de Nicée Ich glaube an den einen Gott, den Vater den Allmächtigen
Je crois en un unique Dieu, Le Père, qui est tout-puissant, 1538
Kyrie eleison, exaudi nos la litanie latine corrigée, en 1528
Kyrie eleison, erhöre uns la litanie allemande, en 1526
Agnus Dei Christe, du Lamm Gottes = Christ, Agneau de Dieu, 1528
que nous connaissons par nos cultes : il faut le chanter 3 fois,
avec l’Amen final, création de Martin Luther
Da pacem, Domine Verleih uns Frieden gnädiglich – Accorde-nous la paix, Seigneur,
pour la sortie du culte et le culte du soir 1528
b. Celui que Luther compose à neuf, en allemand : 1 en 1526
Sanctus Jesaja, dem Propheten, das geschah, 1526 (chanter en français)
Ce qui fait un total de 9 pièces liturgiques
Le « Gloria Patri » des Psaumes = Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit » existait déjà, traduit par d’autres. Luther n’y a rien changé.
2. LES CANTIQUES RESTANTS
Luther a complété méthodiquement les rubriques et les thèmes de 1524, de 1535 à 1543, sur 9 ans, après la période où il a mis au point la liturgie du culte. Ce groupe de chants totalise 10 titres, portant le total des cantiques de Luther à 34. Avec les 9 pièces liturgiques, on atteint le total de 43 chants. 2 de ces chants sont traduits du latin, les 8 autres sont des compositions le Luther en allemand.
I. L’année de l’Eglise : 4 chants
Noël : Vom Himmel hoch da komm ich her – Je viens à vous du haut des cieux alld 1543
Vom Himmel kam der Engelschar – Du ciel les anges sont venus alld 1543
Christum wir sollen loben schon – Du poinr où le soleil renaît du latin 1524
Was fürchst, Feind Herodes, sehr ? – Pourquoi, Hérode, crains-tu tant ? du latin 1543
II. L’Eglise, la Parole et les Sacrements : 6 chants
Notre P. : Vater unser im Himmelreich – Dieu notre Père dans les cieux alld 1539
Prière : Erhalt uns, Herr, bei deunem Wort – Par ta parole, Dieu sauveur alld 1543
Bapt. : Christ, unser Herr, zum Jordan kam – Christ le Seigneur vint au Jourdain alld 1543
Soir, Trinité : Der du bist drei in Einigkeit – Toi qui es un dans l’unité alld 1533
Psaumes : Ein feste Burg ist unser Gott – C’est un rempart que notre Dieu alld 1529
Es spricht der Unweisen Mund wohl – La bouche des insensés dit alld 1539
III. La vie chrétienne : 1 chant
Obsèques : Mitten wir im Leben sind – Au milieu de notre vie du latin 1540
Après 1543, Martin Luther ne compose plus. Il lui reste 3 ans à vivre. Il devient malade, souffre d’hydropisie, grossit et se déplace mal. Il décède le 18 février 1546, à Eisleben, où il était né 63 ans plus tôt, au retour d’une visite d’inspection de paroisses et d’écoles.
La poétique et la musique de Luther
Une très grande exactitude dans l’expression, grande concision aussi : la moitié des mots sont des monosyllabes ; quelques fautes d’accent typiques d’une poétique sortant du latin et qui invente une poésie allemande nouvelle.
Une grande fidélité aux textes anciens : traductions très exactes depuis le latin, à la fois pour le texte et pour la théologie.
Reprise de l’hymne antique : quatrain de 8 syllabes. Il y en a 13 dans les cantiques de Luther, soit le tiers de ses cantiques. Le reste est fait surtout d’hexamètres et d’octomètres.
Création du chant d’assemblée à plusieurs strophes : les plus courts ont 3 strophes, le plus long en a 15.
3e conclusion
1. Luther a accompli son œuvre hymnologique en trois grandes étapes :
1. en 1523-1524 = 2 ans : les 24 chants premiers
2. de 1528 à 1538 = 10 ans : les 8 pièces liturgiques de base
+ 1 le Gloria in exc. en 1539
3. de 1533 à 1543 = 10 ans : les 10 chants restants
au total 22 années 43 chants
2. Son œuvre est programmatique : il s’agit de donner à l’Eglise des chants pour les grandes fêtes, pour les temps de l’année et pour les différentes situations de la vie de l’Eglise. occasions .
Une description détaillée de l’œuvre de Luther, avec ses 43 chants liturgique et strophiques se trouve dans mon livre :
Martin Luther
QUARANTE-TROIS CHANTS
Guides Hymnologiques
Collection dirigée par Edith Weber
Beauchesne,Paris2013,
Complété par le tiré à part des chants avec leurs mélodie,
établies par Danielle Guerrier-Koegler, sous le titre
Martin Luther
QUARANTE-TROIS CHANTS
Harmonisés à quatrevoix
Pour orgue etchoeur
Guides Musicologiques
Collection dirigée par Edith Weber
Beauchesne Paris, 2017
Complément au document précédent :
BIOGRAPHIE DE MARTIN LUTHER
Jeunesse et famille
Né à Eisleben, Saxe, le 10 novembre 1483, veille de la St Martin, d’où son prénom ;
Mort à Eisleben, en 1546, au retour d’une visitation.
Parents : Hans Luther : petits agriculteurs et mineurs d’argent, ont acquis une certaine aisance, Hans Luther étant devenu conseiller municipal.
Ancêtres : fonctionnaires impériaux, dont l’un, Fabian, fut nommé en 1411 « Hof- und Pfalzgraf – comte de la cour et du palais », fonction importante, auprès de l’empereur Sigismond. Celui-ci a accordé en 1415 un sauf-conduit à Jean Hus et Thomas de Prague pour se défendre au Concile de Constance. Mais il les abandonna à leurs ennemis qui les firent brûler.
Etudes
Etudes allemandes à Mansfeld, latines à Magdeburg
1501 Université d’Erfurt, pour les humanités et le droit
1505 (22 ans) entre au couvent des Augustins d’Erfurt
1507 (24 ans) ordonné prêtre
1508 (25 ans) envoyé à Wittenberg, où il entame le professorat à la nouvelle Université et
auprès des moines : de là une connaissance approfondie de la Bible
Il dit lui-même qu’il a été un bon moine.
Là il a appris la liturgie de la messe et des heures, ce qui lui valut une forte connaissance de la messe, des Psaumes et des grandes hymnes latines.
Il a aussi acquis une expérience pastorale auprès des paroissiens de l’église paroissiale de Wittenberg,, dans laquelle il prêchait avec succès.
1ère PHASE : 1517 – 1522 : la réforme de l’Eglise
1517 : le scandale des Indulgences
L’archevêque de Mayence fait vendre des indulgences, pour financer le 3e évêché qu’il convoite, et pour financer la construction de l’église St Pierre à Rome (par Michel-Ange), que lui impose le pape.
Luther affiche les 95 thèses à Wittenberg, lesquelles feront le tour de l’Allemagne en 3 semaines. Le 31.10.1517 est le début de la Réforme.
Luther est attaqué par les uns, soutenu par les autres. L’Allemagne se divise en deux pour 500 ans ! Le pape l’attaque violemment à cause de l’église St Pierre.
1520 : Bulle « Exsurge Domine – dresse-toi, Seigneur », menaçant Luther
d’excommunication. Celui-ci brûle la Bulle en public.
1520 : année fertile : les 3 grands écrits réformateurs :
A la noblesse allemande
De la Captivité babylonienne de l’Eglise
De la liberté du chrétien.
1521 Le pape excommunie Luther.
Diète de Worms, avec sauf-conduit de Charles-Quint.
« Je ne me rétracterai pas. Agir contre la conscience n’est ni sûr, ni salutaire. Que Dieu me vienne en aide. » Révolutionnaire : faire appel à la conscience.
Luther est mis au ban de l’Empire par Charles Quint.
Au retour de Worms, il est enlevé par le duc de Saxe et caché à la Wartburg, pour 10 mois. Il traduit du grec d’Erasme et de la Vulgate le Nouveau Testament.
1522 Il descend de la Wartburg à cause des iconoclastes. Il défend les images, de valeur pédagogique, « um des Volks willen – à cause du peuple. »
2e PHASE : 1522 – 1529 : l’organisation de l’Eglise nouvelle
La réforme du culte et de la messe
1523 Formula missae
1524 3 livres de cantiques, dont le dernier avec 24 chants de lui
1524 les 150 Psaumes
1526 Deudsche Messe
1525 Guerre des paysans et mariage avec Catherine de Bora
Visitations
1529 les 2 catéchismes
3e PHASE : 1530 – 1541 les débuts de la Contre-Réforme
1530 Confession d’Augsbourg (Luther absent : excommunié et banni)
Ligue de Smalkade : politique et militaire, mais aussi doctrinale
1533 Edition du Cantique de Klug
Poursuite de l’organisation de l’Eglise nouvelle, visitations
4e PHASE : séparation d’avec Rome 1542-546
Luther ordonne un évêque
Il écrit deux livres contre la papauté
1545 édtion du Gesangbuch –Livre de cantiques » de Bapst
Concile de Trente en 1545-1563 : les protestants refusent d’y aller
1540 Création de l’ordre des Jésuites, qui vont triompher au Concile
Contre-Réforme très active
Décès : Eisleben 1546, au retour d’une visitation
Chant de Luther ne figurant pas dans
Martin Luther
QUARANTE-TROIS CHANTS
DAME MUSIQUE Frau Musica
DAME MUSIQUE
Frau Musica
Martin Luther
Mélodie :
1. De route les joies sur terre , Aucune autre ne s’avère Que celle qui vient quand je chante Quelque douceur qui m’enchante 2. Point donc de mauvais esprit : Où chantent des amis , S’envont colère, dispute, envie , Les deuils, les maux, les soucis. 3. Avarice et dure douleur Partent avec tout leur malheur ; Chacun est bien libre de penser Que la joie n’est pas un péché. 4. Ce qui plait bien plus à Dieu Que toute joie sous les cieux. Détruite est l’œuvre de Satan, Et condamné son faux- semblant 5. David, le roi, l’a démontré Par Saül qu’il a empêché Par son de harpe, souple et doux, De tomber dans le meurtre fou. 6. Elle ouvre à la parole et vérité Le cœur bien calme et préparé, Chose qu’Elisée découvrit, Quand parla harpe il découvrit l’Esprit. * 1. Le plus beau temps de l’an, c’est mai : Tous les oiseaux, joyeux et gais, Emplissent d’un air harmonieux La terre entière sous les cieux. 2. Premier de tous, le rossignol Nous réjouit par son envol, Son chant si doux, pétri d’amour : Il faut l’en louer chaque jour. 3. Et bien plus Dieu, le Créateur, Qui est son Père et son Seigneur ; Pour la musique il l’a créé Avec sa voix, pour nous charmer. 4. Pour Dieu ses trilles et ses sauts, Ses gammes, le matin très tôt. C’est lui aussi que veut louer Mon chant jusqu’en l’éternité. | 1. Vor allen Freuden auf Erden Kann niemand keine feiner werden, Denn die ich geb mit meinem Singen Und mit manchem süßen Klingen. 2. Hier kann nicht sein ein böser Mut, Wo da singen Gesellen gut, Hier bleibt kein Zorn, Zank, Haß noch Neid, Weichen muß alles Herzeleid; 3. Geiz, Sorg und was sonst hart an Leid, Fährt hin mit aller Traurigkeit. Auch ist ein jeder des wohl frei, Daß solche Freud kein Sünde sei, 4. Sondern auch Gott viel bass gefällt Denn alle Freud der ganzen Welt. Dem Teufel sie sein Werk zerstört Und verhindert viel böser Mörd. 5 . Das zeugt Davids, des Königs Tat, Der dem Saul oft gewehret hat Mit gutem, süßem Harfenspiel, Daß er in großen Mord nicht fiel. 6. Zum göttlichen Wort und Wahrheit Macht sie das Herz still und bereit. Solchs hat Elisäus bekannt, Da er den Geist durchs Harfen fand. * 7. Die beste Zeit im Jahr ist Mai‘n, Da singen alle Vögelein, Himmel und Erden ist der voll, Viel gut Gesang da lautet wohl. 8. Voran die liebe Nachtigall Macht alles fröhlich überall Mit ihrem lieblichen Gesang, Des muß sie haben immer Dank, 9. Viel mehr der liebe Herregott, Der sie also geschaffen hat, Zu sein die rechte Sängerin, Der Musik eine Meisterin. 10. Dem singt und springt sie Tag und Nacht, Seines Lobs sie nichts müde macht, Den ehrt und lobt auch mein Gesang |
Texte Frau Musica Vorrede auf alle gute Gesangbücher Martin Luther Wittenberg 1538 fr. : Yves Kéler Bischwiller Mélodie Aucune au départ prendre une mélodie d’hymne en IV 8.8/8.8 Comme « Vom Himmel hoch da komm ich her Ou: Die beste Zeit im Jahr ist mein Böhmische Brüder 1544 Strasbourg 1572 EG 319 Le texte |
„Vorrede auf alle gute Gesangbücher »
Die „Vorrede auf alle gute Gesangbücher » unter dem Titel „Frau Musika » verfasste Martin Luther für Johann Walthers Büchlein „Lob und Preis der löblichen Kunst Musica », das 1538 in Wittenberg erschienen ist. Das Gedicht zeugt von Luthers Leidenschaft und Hochachtung für die Musik.
Préface
La « Préface à tous les bons livres de cantiques a été composée par Martin Luther sous le Titre « Dame Musique », pour le petit libre de Johannn Walter « Louange et honneur de la louable musique, paru en 1538 à Wittenberg.
Le texte allemand
Str. 1 : L’incipit prête à confusion. Si on lit « ist mein », on comprend : « le meilleur temps de l’an est mien », ce qui ne veut pas dire grand-chose. Or c’est sous cette forme qu’on trouve le plus souvent le chant.
Il faut écrire « Main », ou même « Mai’n », comme le font certains, c’est-à-dire « de mai », ce qui fait de « Main » un génitif de « Mai.» Ce génitif s’écrira comme au temps de Luther « Maien » ou abrévié en une syllabe : « Main », comme c’est le cas ici à cause du nombre de syllabes. Le sens est alors : « Le meilleur temps de l’an est mai », le mois de mai. Il s’agit d’un Mailied, un chant de mai, comme on en trouve dans toute l’Europe à l’époque.
La raison de cette hésitation graphique, qui induit en erreur, est que du temps de Luther, l’orthographe, en particulier pour les diphtongues, n’était pas méthodiquement fixée pour certains mots. C’est ainsi que l’adjectif et le pronom « Mein – mien » pouvait s’écrire indifféremment « Meyn » ou « Mein », ou encore « Mayn » ou « Main. » Et ceci dans le même texte.
Str. 2, 3 et 4/a : L’illustration de ce beau temps de mai est le rossignol, qui chante et saute si admirablement pour Dieu. Luther dit « Da singen alle Vögelein – Là chantent tous les petits oiseaux », mais il n’en cite qu’un, le rossignol. Dieu a fait de celui-ci le maître de musique, « Der Musik Meisterin », devant lequel les autres s’inclinent.
Str. 4/b : Dans la strophe finale, il passe à l’adoration de Dieu par l’homme, ce qui est le but final de cette contemplation de l’oiseau.
La mélodie
Le texte ne comportait pas de mélodie, puisqu’il était une introduction en vers par Luther au livre de Johann Walter « Lob und Preis der löblischen Kunst Musica » de 1538 (voir plus bas.) Ces introductions en vers étaient courantes du 16e au 18e siècle. Le chant n’a été pourvu d’une mélodie que bien plus tard, entre autres de celle des Frères moraves de 1544. Encore comptait-il plus comme chant populaire que comme chant d’Eglise. Dans les recueils de cantiques, il figurait généralement dans le supplément pour les jeunes. EG Evangelisches Gesangbuch 1995, N° 319, le place pour la première fois dans le « Stammteil – Tronc commun », dans l’intention d’en faire un chant pour le culte, ce qui est nouveau.
Plusieurs mélodies sont signalées, dont « Wenn wir in höchsten Nöten sein », Strasbourg 1545, Johann Baptista Serranus 1567, Wittenberg 1567, RA 452 et 68, EG 366. Celle donnée par EG 319 vient des « Böhmische Brüder 1544 – Frères moraves », reprise à Strasbourg en 1577. Cette mélodie est peu connue.
Pour chanter le chant, qui est en IV 8.8, 8.8, il faut prendre une mélodie de la même coupe. Le choix est large, puisque RA 1952 donne 33 mélodies de cette coupe.
La mélodie facile à mettre en œuvre est :
« Vom Himmel hoch da komm ich her » RA 40
On peut aussi employer :
« Christe, du bist der helle Tag » RA 247
« Die helle Sonn leucht jetzt herfür » RA 228