2007. 15 : 15e Dim après la TRINITE

15e Dim. a. la Trinité – Luc 17, 5-6
Epal – Service des Lecteurs – Paul Frantz – Neuwiller-lès-Saverne


                              15e dimanche après la Trinité

                                      16 septembre 2007
 
                                     Les biens terrestres

                                              Luc 17, 5-6

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

Frères et soeurs en Jésus Christ,

Vous avez compris tout de suite, à la lecture de ce texte si court et si énigmatique : la foi est au coeur du débat. Il n’est pas question pour nous de nous attarder à faire une étude détaillée sur le sens des images fortes employées par Jésus, celle du mûrier, arbre aux puissantes racines, ou celle du grain de moutarde, dont il en faut 700 pour faire un gramme. Entrons dans le vif du sujet, la foi.

Que la foi nous concerne en premier lieu est évident pour nous chrétiens, après 2000 ans de fréquentation de la Bible. Cela n’allait pas de soi du temps de Jésus, bien au contraire. Pour le païen type du monde gréco romain d’autrefois, les rapports avec la divinité n’ont rien à faire avec la foi, mais se situent au niveau de la pensée, de la connaissance. Dieu peut et doit être non pas cru, mais connu. Inutile de faire appel à. la foi, puisqu’il s’agit tout simplement de constater, de comprendre et de s’en tenir à ce que l’on sait.
Nous n’allons pas encore développer ce qu’il en est de la foi dans la Bible, de cette foi sur laquelle Jésus, Paul et Jean ont insisté très fort et dont il est impossible de tout dire en l’espace d’un sermon. Nous voulons tout d’abord relever que, de nos jours, dans un monde qui redevient de plus en plus païen, bien des chrétiens se laissent tenter par une approche et une compréhension de Dieu fortement empruntées à la philosophie et à la science grecques.

La philosophie parle des preuves de l’existence de Dieu. De Dieu, on fait l’objet des investigations de notre pensée. Jusque dans les milieux chrétiens dits charismatiques ou évangéliques, on est friand de miracles, de guérisons et de dons spéciaux qui sont interprétés comme autant de PREUVES de l’action et de l’Esprit de Dieu, comme s’il fallait défendre sa cause avec des arguments visibles et palpables. Cela se remarque jusque dans les prières, formulées sur le mode : je te loue, parce que… comme s’il fallait justifier l’adoration et la louange de Dieu.

Par ailleurs, lorsque nous observons notre propre foi, nous remarquons à quel point certaines preuves et certains arguments rationnels nous font plaisir. En effet, à cause du monde ambiant dont la réflexion philosophique et scientifique est souvent rudimentaire, mais d’autant plus sûre d’elle, nous nous sentons accusés, pris en défaut, soupçonnés de divaguer, de ne pas avoir les pieds sur terre, de nous nourrir de rêves et d’illusions, et tout cela, parce que nous croyons en Dieu sans apporter des preuves qui pourraient résister aux expériences physiques quantifiables.

Il fallait bien brosser ce tableau pour souligner d’autant mieux ce que la Bible et Jésus comme maître suprême nous disent de la foi. Dieu est celui qui nous sonde et nous connaît, mais lui-même n’est pas une force de la nature ; il n’est pas objet de connaissance, d’investigation et d’expérimentation. Nos contacts avec lui se situent au niveau de la foi, foi qui résulte du fait que Dieu s’approche de nous, nous appelle et nous parle. La foi n’est pas un savoir, elle n’est pas une connaissance au rabais, approximative et imparfaite, comme le suggèrent des expressions malheureuses du genre de : je crois qu’il va pleuvoir demain.

La foi ne se situe pas au niveau de la connaissance, mais au niveau de la rencontre entre deux personnes. Dieu en personne, on pourrait tout autant dire le Saint Esprit ou le Christ en personne,Dieu en personne vient à ma rencontre, de sa propre initiative, et je lui fais confiance. Croire n’est pas avoir accès à des connaissances, mais faire confiance à celui qui a conduit Israël comme un troupeau, faire confiance à celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts ; croire, c’est répondre « présent » à celui qui dit : voici, je me tiens à la porte et je frappe, (Apocalypse 3, 20) et qui, par le baptême, m’a tiré de son côté.

Chaque fois que deux personnes se rencontrent et font route ensemble il y a une part d’aventure. En effet, je ne pourrai jamais apporter une preuve scientifique de mon amour pour quelqu’un ni attendre d’un autre qu’il apporte des preuves de son amour. Ce serait déjà prendre du recul, se positionner comme juge et non pas comme partenaire. Croire, c’est une confiance audacieuse et déterminée, joyeuse et sereine suite à une rencontre qu’on n’a pas vécu de façon neutre et froide, mais comme un enrichissement profond, une découverte qui ouvre des horizons nouveaux. Par la foi, notre vie accède à un niveau supérieur, à un terrain qui n’est pas celui de la certitude mathématique, mais celui de la jubilation et de la joie, de la reconnaissance et de la confiance.
Au fond, si je crois, c’est que j’ai été touché par la grâce de Dieu. C’est un cadeau de son amour et non point une conquête de ma raison. C’est le fruit d’une rencontre gratifiante et enrichissante et non pas d’une démonstration concluante. Dans ma relation avec Dieu, je ne suis pas celui qui prouve, mais qui reçoit. Dieu, de sa propre initiative, est venu me rendre riche de sa présence et de tout ce qui est devenu possible grâce au Christ.

Revenons à nos deux versets de l’Évangile de Luc. Les disciples de Jésus doutent d’eux mêmes et, au fond, de ce qui est possible lorsque notre vie est reprise en main par le Christ. Ils disent alors à Jésus : augmente nous la foi. Une telle traduction ne rend pas tout le contenu de la demande ; une paraphrase est nécessaire, du genre de : donne nous encore une portion supplémentaire de la foi, fais nous le plein de foi. Ils n’ont donc pas vraiment compris : alors qu’ils sont en présence du Maître et qu’ils le rencontrent en plein ils voudraient encore un supplément !

C’est pourquoi Jésus, de façon imagée, mais percutante, leur donne deux précisions importantes. D’abord, quant au pouvoir de la foi : elle transporte des montagnes, comme Jésus le dit ailleurs (Matthieu 17, 20) et réussit des coups réputés impossibles, comme cette transplantation d’arbre. Rien ne résiste à cette confiance qui naît en nous, lorsque Dieu nous appelle et nous tire à lui. Et pour cause : notre foi s’appuie sur le pouvoir du Seigneur, qui est sans limites. Ce n’est donc pas la foi en elle même qui a ce pouvoir, ce pouvoir n’est pas le produit de notre persuasion, de notre engagement absolu.

Comprendre la foi de cette façon, serait faire du chrétien un superman de la foi, un champion de la foi, ce que la Bible ignore, heureusement. Ce pouvoir qui accompagne la foi ne vient pas de nous, mais de celui qui a dit : tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre ; il s’agit du pouvoir de Dieu : car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire…
Jésus, au moyen de l’image du grain de moutarde, veut également que nous ne parlions pas de la foi en termes de quantité. Dès qu’elle apparaît, dès que Dieu la fait naître dans nos coeurs, cette foi est puissante, agissante et suffisante. Pas question de la mesurer, de la quantifier. Impossible de dire : tu ne crois pas assez ! Celui qui croit a rencontré son Dieu et cela lui suffit amplement. Si Dieu a jugé bon de s’occuper de nous, s’il est venu me parler et me saisir, il n’y a plus de demi portion. Ma coupe déborde, dit le psalmiste !

L’attitude du scientifique qui ne veut reconnaître que sa raison à lui est attentiste et prudente. La rencontre avec Dieu renverse ces barricades et permet de se confier entièrement à celui qui ne fait pas les choses à moitié, ce qui est évident par la Croix et encore plus à Pâques. La rencontre du Christ ressuscité qui brise les verrous et surmonte les préjugés a été vécue par l’apôtre Paul. La foi qui en a résulté lui a permis de dire : je puis tout par celui qui me rend fort (Philippiens 4, 13). Ce Seigneur lui dévoile une autre dimension de sa puissance en lui disant : ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse (II Corinthiens 12, 9). Voici donc le résultat de la foi, de cette présence agissante du Seigneur. Amen.

Paul FRANTZ


PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL. Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr), jusqu’en 2009. A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MPRSBRONN-LES-BAINS (tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction. Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER (tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).