2007 : FETE DE LA REFORMATION

Dimanche 28 octobre 2007

Esaïe 62/6-7,10-12

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

            Frères et Sœurs en Jésus Christ,

            Ce texte d’Esaïe convient bien pour une fête de la Réformation. Mais permettez-moi tout d’abord, afin que vous en compreniez les métaphores et en saisissiez les enjeux, de le situer historiquement et de l’illustrer bibliquement.

            Dans notre texte prescrit, c’est un prophète nommé « Tritoésaïe » ou Troisième Esaïe, auteur des chapitres 56 à 66 du livre d’Esaïe, qui annonça son objectif personnel, dès le début de notre chapitre : « Pour l’amour de Sion, je ne me tairai point jusqu’à ce que son salut paraisse comme l’aurore ». Pour cela, il appliqua à son actualité et à ses contemporains la bonne nouvelle de son prédécesseur, le Deutéro- ou Second Esaïe, qui prêcha une génération avant lui : « Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l’Eternel. Aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu » (40/3). Le langage employé, et par le maître, et par son disciple, fut celui des Ponts et Chaussées et des ingénieurs de l’équipement de leur époque. Ceux-ci arrivaient déjà, mais sans bulldozers évidemment, à rehausser les vallées et à niveler les collines pour aménager une voie plane et rapide.

            Ensuite notre troisième Esaïe demanda à des veilleurs d’intercéder sans relâche auprès de Dieu jusqu’à ce qu’il rétablisse l’ancienne renommée mondiale de Jérusalem. Il compara ces « veilleurs » aux archivistes et aux bibliothécaires royaux. Ces historiens étaient exhortés par le prophète à rappeler à Dieu ses anciennes promesses et même à le houspiller pour qu’il ne se taise plus. Ils auraient pu crier à Dieu avec le début du psaume 83 qui fut composé à la même époque : « Ô Dieu, ne reste pas dans le silence ! Ne te tais pas et ne te repose pas, ô Dieu. Car voici, tes ennemis s’agitent et forment contre ton peuple des projets pleins de ruse ».

            Ainsi le troisième Esaïe attendit que le retour triomphal des juifs expatriés, que son prédécesseur avait prophétisé, s’accomplisse totalement. Il imagina comme lui, qu’un cortège festif retournât à Jérusalem et que Dieu lui-même le précédât, tel un berger pour son troupeau rassemblé. (On peut citer ici 52/7-12 et 40/9-11)

La seule différence que fit le disciple par rapport à son maître, étant donné qu’entre temps les déportés à Babylone étaient, grâce à l’empereur perse Cyrus, rentrés au pays, c’est qu’il attendait ardemment que les juifs restés par commodité dans d’autres pays de la diaspora, rejoignent ceux qui étaient revenus de captivité et qui avaient reconstruit partiellement le temple de Jérusalem.

            Frères et Sœurs en Christ, voici le message que je vous adresse aujourd’hui, en actualisant et en pastichant celui des prophètes Esaïe, me faisant ainsi leur disciple :

            Pour l’amour de mon église, je ne me tairai point. Comme prédicateur et serviteur, je vous somme de recommander à Jésus Christ sa chrétienté en perdition. Petit troupeau, ne laisse aucune relâche à ton Seigneur jusqu’à ce qu’il ait rétabli la ferveur, la résistance aux manipulations et aux intimidations, et l’engagement de tes ancêtres de la foi. En vue de cet objectif, priez sans cesse pour que le Dieu trois fois saint fasse refleurir les temps bénis et salutaires de la Réforme, du « désert », des œuvres de mission intérieure ou extérieure et des renouveaux luthériens, barthiens ou charismatiques. Ne priez pas pour ce que vous pouvez changer vous-mêmes, mais priez pour le renouvellement des intelligences et la conversion des cœurs endurcis, car rien n’est impossible à Dieu.

            Ouvrez les portes de vos églises. Rendez vos cultes attrayants, accueillants et différenciés afin qu’un » reste revienne ». Louez et chantez le Seigneur avec des psaumes et des hymnes, des gospels et des chansons d’auteurs – compositeurs contemporains. Fêtez avec faste les baptêmes d’adulte.

            Ensuite, ne vous contentez pas de faire signe et de créer des sites internet. Allez au devant des indifférents et invitez les directement à tel ou tel culte spécial. Ou bien visitez les pour les inviter à des réunions d’approfondissement de la foi. Visitez les chez eux. Nivelez avec eux les obstacles psychologiques qui les empêchent de faire le premier pas. Répondez à leurs préjugés et à leurs reproches stéréotypés à l’encontre des églises et de leurs institutions. Ne les harcelez pas, mais consolez-les. Faites leur comprendre, selon l’analyse d’Esaïe, « qu’ils ont eux aussi payé au double de leurs fautes », « qu’ils sont eux-mêmes le salaire de Dieu » qui les aime inconditionnellement en Jésus. Annoncez qu’eux également peuvent croire comme l’apôtre Paul, comme Martin Luther et comme nous-mêmes, que « nous sommes gratuitement justifiés par la grâce de Dieu » (Romains 3,24), qu’eux aussi peuvent faire partie du « peuple saint et racheté » et ne plus être « délaissés, mais recherchés et accompagnés par l’Eternel ».

            Pour que ce retour à Dieu et ce voyage au pays de la foi s’amplifient, c’est à nous, petit troupeau de mordus, d’être des sentinelles et des archivistes qui rappellent à Dieu ses promesses et ses rêves de fraternité et qui intercèdent sans relâche auprès de lui pour qu’il « déchire les cieux », convertisse les « dispersés » et redynamise toutes les Eglises par les dons de son Saint Esprit, comme au temps de la première pentecôte et comme au temps des réformateurs.

Georges Bronnenkant

Propositions de cantiques :

Arc en Ciel 36,212,543,622,

¼ Service des Lecteurs – SL – 45 – 28,10,2007 – Georges BRONNENKANT