L’Agneau de Dieu
9 mars 2008
Hébreux 13/12-16 (série VI)
( Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II )
A. 1. Le dimanche Judica est aussi appelé « dimanche de la
Passion ».
Avec lui commencent les 2 semaines durant lesquelles l’étau se resserre autour de Jésus. Jusqu’au Vendredi saint, jour de sa mort, et le Samedi saint, jour de son repos dans la tombe.
Qui dit « Passion », dit souffrance : c’est le sens du mot.
Dans la Confession de foi, nous disons : « Il a souffert (la passion) sous Ponce Pilate (le gouverneur romain), il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli, il est descendu aux enfers, c’est-à-dire : au Royaume des morts. Cette partie du Crédo est le résumé parfait des deux semaines de la Passion.
2. Qui dit « crucifié », dit sacrifié.
Car il s’agit bien d’un sacrifice humain. Ce supplice vient de l’Asie Mineure, l’actuelle Turquie. On sacrifiait des hommes aux dieux en les pendant ou en les clouant dans les arbres sacrés. Les Gaulois et les Germains faisaient d’ailleurs la même chose.
De là les Romains employèrent ce supplice pour mater les révoltes, en Orient d’abord, ailleurs ensuite, et pour punir les esclaves fugitifs ou meurtriers. C’est le premier sens de la crucifixion de Jésus : punir un révolté contre l’autorité juive et romaine.
3. Mais le deuxième sens, c’est le sacrifice, car un tel acte de
cruauté ramène la mémoire à ses origines.
C’est pour cela que l’épître aux Hébreux dit : « Le Christ a souffert hors de la porte », c’est-à-dire : hors de Jérusalem.
Souffert = crucifié = sacrifié. En dehors de la ville, comme le fameux bouc émissaire, sur lequel on place les péchés du peuple, et qu’on chasse hors de la ville, dans le désert, et qu’on tue là-bas, à coups de pierres. De cette façon, les péchés des hommes vont mourir loin de la ville, et restent là-bas, où ils ne présentent plus de danger pour les habitants.
Jésus est l’animal sacrifié, pour sanctifier son propre peuple, c’est-à-dire pour le rendre saint, débarrassé de son péché. La mort du bouc, de l’agneau, opère cette libération.
Notre dimanche Judica est donc la préparation à recevoir le sacrifice du Christ, dans nos vies personnelles, et dans celle de l’Eglise, le « peuple » dont parle Hébreux.
B. Quelles conséquences tire de cela l’auteur de l’épître ?
1. « Sortons donc pour aller à lui, hors du camp (= hors de la
ville), en portant le péché ».
Nous ne pouvons plus accompagner Jésus à sa croix physiquement, comme les premiers disciples. Mais nous pouvons le faire spirituellement. Sortons avec le Christ, sortons de nous-mêmes : refusons notre péché, refusons de nous enfermer en nous-mêmes avec notre péché, notre remords. Sortons de nous et allons vers le Christ, vers celui qui enlève notre péché. Portons notre péché, et jetons-le sur lui, afin que notre péché disparaisse avec lui dans sa mort.
2. « Sortons du camp », sortons de nous-mêmes, puisque, de toute façon, nous n’avons pas de demeure durable ici. Ni notre maison, ici, ni notre vie, ici, ne sont des demeures permanentes. On nous en sortira un jour, pour nous amener hors de la ville, au cimetière, pour nous enterrer hors des murs.
Alors sortons dès maintenant vers le Christ,
– pour qu’il efface nos péchés,
– pour qu’il nous prépare à mourir et à quitter ces lieux.
C. La deuxième conséquence : que faire en attendant le
moment où nous quitterons définitivement « la ville », ce monde ?
1. « Offrez au Christ le sacrifice de vos lèvres, le fruit des
lèvres qui confessent son nom »
La confession de la foi est un sacrifice, une offrande à Dieu. C’est une très belle image. De là la façon classique de confesser la foi : l’assemblée debout et en face de l’autel, récitant la confession, le pasteur étant lui à l’autel, élevant les bras en signe d’offrande à Dieu. Quand le texte est chanté, l’offrande est encore plus impressionnante. Elle devient l’offrande de lèvres, de plus chantantes.
2. « Faites du bien, soyez généreux »
Cela aussi suppose des sacrifices, en argent, en temps, en énergie. Cela signifie aussi perdre cet argent, ce temps, cette énergie, l’abandonner à Dieu. Mais du coup on gagne : en liberté, en disponibilité, en joie de vivre.
« Sortez avec le Christ, vers le Christ » : être généreux, faire du bien, c’est agir comme Jésus l’a fait. Lui aussi est « sorti de lui-même » pour aller vers les autres en se sacrifiant. Faites de même, imitez son sacrifice.
D. « A de tels sacrifices Dieu prend plaisir »
1. Dieu prend plaisir au sacrifice du Christ. Cette phrase nous étonne. De fait, Dieu accepte le sacrifice du Christ, comme un sacrifice à la fois nécessaire et suffisant, permettant aux hommes d’être lavés de leurs péchés.
C’est une dimension que nous oublions souvent, parce que le sacrifice ne nous est pas familier. Dans l’ancien Testament, le sacrifice pour l’expiation des péchés est appelé « un sacrifice de bonne odeur », car Dieu l’accepte et il se réjouit de pouvoir pardonner au pécheur. Il en va de même du sacrifice du Christ : Dieu l’accepte, et ainsi nous sommes lavés.
2. Dieu accepte notre sacrifice, en réponse à celui du Christ :
Notre sacrifice est double : a. confesser le Christ
b. être bons et généreux ;
Cela aussi est de bonne odeur pour Dieu !
Alors : par le sacrifice du Christ sur la croix,
par notre sacrifice journalier,
préparons-nous à accompagner le Christ,
à sortir de notre vie ordinaire et sans avenir,
et à ressusciter avec lui à Pâques ! Amen.
Yves Kéler
Cantiques
Ps 42 Comme un cerf altéré brame str 1, 3, (4), 5
NCTC 42, ARC 42, ALL 42
Pour quel péché, Jésus * 1
NCTC 184, ARC 53, ALL 33/11
Rédempteur adorable
ARC 448, ALL 33/26
Tu nous aimas, ô bon berger * 2
NCTC 385, ARC 457, ALL 33/03
Lasset uns mit Jesu ziehen RA 411, EG 384
Wl: O Mensch, bewein dein Sünde gross RA 76, EG 78 * 3
Pl Einer ist’s, an dem wir hangen RA 182, EG 76
Formes complètes des chants proposés, d’après ce site
* 1 POUR QUEL PECHE, JESUS, POUR QUELLE OFFENSE
( révision de LP 131 )
1. Pour quel péché, Jésus, pour quelle offense
A-t-on sur toi prononcé la sentence ?
Qu’as-tu donc fait, innocente victime,
Quel est ton crime ?
2. Qui peut t’avoir attiré ce supplice ?
C’est moi, Seigneur, oui, c’est mon injustice.
Pour ces tourments, où ton amour t’expose,
Je suis la cause.
3. Pour me sauver, sacrifice incroyable,
Le maître meurt pour l’esclave coupable !
Le bon berger pour sa brebis perdue
Donne sa vie !
4. Où trouverais-je un cœur, dans ma détresse,
Au tien semblable en amour, en tendresse ?
C’est en toi seul, que j’ai plein d’espérance,
Toute confiance.
Texte : Pour quel péché, Jésus, pour quelle offense ?
Psalmodie 1785
d’après : Herzliebster Jesu, was hast du
verbrochen ?
str 1, 3, 4, 6
Johann Heermann 1545-1647
LP 131
rév: Yves Kéler 1985
Mélodie : Herzliebster Jesu
Strasbourg 1545, Johann CrUger 1640
RA 71, EG 81
frs : Pour quel péché, Jésus, pour quelle
offense ?
LP 131, NCTC 184, ARC 453
voir commentaires sous : Chants / Chants français,
Le Fils de Dieu ce bon berger
CARÊME
PASSION
*2 LE FILS DE DIEU, CE BON BERGER
( Révision de LP 138 )
1. Le Fils de Dieu, ce bon berger,
Aima sa créature
D’un amour qu’on ne peut sonder,
D’un amour sans mesure.
Dans un profond abaissement,
Il s’offre à notre vue,
En peine, en souffrance, en tourment,
Pour sa brebis perdue.
2. Il vient en homme de douleur,
Pressé par sa tendresse,
Doux et patient, d’un humble cœur,
Abattu de tristesse.
Garde en ton cœur tout le récit
De sa mort éperdue :
Par elle il sauve la brebis
Loin du bercail perdue.
3. Jésus, je suis cette brebis
Perdue et retrouvée,
Qui sait maintenant à quel prix
Son berger l’a sauvée !
Pour moi tu portas tes douleurs,
Pour toi seul je veux vivre,
Ne plus rien faire, ô mon Sauveur,
Que t’aimer et te suivre.
Texte : Le Fils de Dieu, ce bon berger
Psalmodie morave 1766
LP 138
rév: Yves Kéler 1985
Mélodie : Was mein Gott will, das gscheh allzeit
Claudin de Sermisy 1529
RA 451, EG 364
Frs : Le Fils de Dieu, ce bon berger
LP 138
Ta volonté, Seigneur, mon Dieu
NCTC 284, ARC 608, ALL 45/01
* 3 SONGE, HOMME, QUE POUR TON PECHE
( O Mensch, bewein dein Sünde gross)
Les strophes 1 et 2 de RA et EG correspondent à 1 et 23 de l’original
I + II 1. Songe, homme, que pour ton péché
Christ, notre Sauveur, a quitté
Le trône de son Père.
I Il s’est fait notre Rédempteur,
Il s’est privé de tout honneur,
Né d’une mère humaine.
II Il réveilla d’un mot des morts,
Guérit tant d’âmes, tant de corps.
Puis vint son sacrifice,
I +II A la croix maudite attaché,
Portant le poids de nos péchés :
Quel effrayant supplice !
23. Reconnaissons en même temps
Qu’il a souffert tant de tourments
Pour nous donner l’exemple.
Détestons le maudit péché,
D’un cœur au bien seul attaché,
Servons Dieu tous ensemble !
Montrons à tous de la bonté,
Combattons pour la vérité,
Prenons Christ pour modèle.
En nous réclamant de sa croix,
Nous évitons, par notre foi,
La colère éternelle !
( Série de Prédication VI (Predigtreihe VI) : liste complémentaire II )