2007. 07 : Jeudi de l’ASCENSION

Fête de l’Ascension – Jean 17, 20-26
EPAL – Service Lecteurs Pierre STABENDORDT – Printzheim

                  Fête de l’Ascension 

                  Jeudi 17 mai 2007 

                    Jean 17, 20-26

(Série de Prédication V (Predigtreihe V) : liste complémentaire I)

En ce jour de fête de l’Ascension, il arrive que des paroisses ne célèbrent pas de culte, ou bien le remplacent par une sortie paroissiale. Cela traduit peut-être, consciemment ou non, un certain embarras : comment parler de la gloire du Christ et de son règne en un monde qui visiblement l’ignore, ou même le contredit ? Car c’est une vraie question : ne voyons-nous pas dans ce monde trop d’exemples de lutte pour le pouvoir, de guerres sanglantes ou économiques, ainsi que de conduites où l’amour du prochain n’a rien à voir ?

1.    Cette question est si vraie que l’Évangile de Jean l’aborde déjà : il parle de la « gloire » du Christ, mais aussi de ce qu’il appelle « le monde » – qui n’est pas forcément mauvais en soi, mais qui ne reconnaît pas Dieu. Dans d’autres passages, l’Évangile de Jean va même jusqu’à parler de la « haine » que le monde ressent vis-à-vis des disciples. Nous sommes obligés de constater un fait : les Chrétiens ne sont qu’une minorité, le vrai Chrétien est « un oiseau rare », comme disait déjà Luther. Certes, nous ne sommes pas persécutés, en tout cas pas dans notre pays, simplement nous devons admettre que « le monde » n’est pas chrétien et qu’il est, dans le meilleur des cas, indifférent au message de l’Évangile ; il a ses propres règles et ne fonctionne pas selon celles de l’Évangile. La fête de l’Ascension est une occasion de nous rappeler cette réalité déjà soulignée par l’Évangile, même si elle nous déçoit, même si elle nous choque, même si elle nous blesse : « le monde » n’est pas chrétien. Même si parfois ses valeurs coïncident avec celles de l’Évangile, il ne coïncide pas avec la communauté chrétienne.

2.     Toutefois cette fête de l’Ascension si elle nous fait constater cette réalité parfois pénible, est aussi l’occasion de nous réjouir : nous croyons que le Christ veut nous témoigner de son amour : par ce texte de l’Évangile, il nous redit en effet que nous faisons partie de sa communauté, du groupe des croyants, de ses amis, qui reçoivent de lui force et paix. Contre la tentation de laisser ce « monde », notre société, notre pays, à l’abandon, en attendant le prochain Déluge, l’Ascension rappelle que nous y sommes témoins de cet amour de Dieu.

Ce verset essentiel de l’Évangile nous est ainsi remis en mémoire : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3, 16).  Ainsi Dieu n’a pas abandonné le monde à sa perte, il ne le laisse pas courir sa propre voie vers un futur menaçant ou incertain. Certes, nous pouvons écouter des messages inquiétants sur l’avenir de notre planète, sur la pollution, sur des transformations malheureuses. Et nous devons agir et réagir pour que cet avenir soit meilleur.

Mais la fête de l’Ascension nous rappelle que cet avenir ne dépend pas uniquement de nous, donc que nous n’avons pas à succomber au catastrophisme et à voir tout en noir. Dieu nous a confié le secret de son amour et de sa puissance, de son attention pour le monde et pour nous. Il s’est choisi une communauté qui ne se laisse pas emporter à tous les vents, qui ne s’abandonne pas à toutes les mauvaises nouvelles, puisqu’elle lui appartient, puisqu’elle confesse son amour et sa puissance. Face à toutes les proclamations et discours de mort, de terreur, de catastrophe, nous sommes donc appelés à témoigner de ce secret et de cette attention de Dieu. Celui qui est venu partager sur notre Terre la condition humaine, Celui qui a marché sur nos chemins, Celui qui a connu la mort, continue à accompagner nos vies. La « gloire » du Christ peut nous paraître bien voilée et absente – mais pas plus que lorsqu’il était présent comme un homme, marchant avec ses disciples sur les chemins poussiéreux, parcourant les villes et les villages, expliquant les Écritures à ses disciples et partageant le pain avec eux. C’est sa « gloire » d’être avec nous ce matin, dans ce même partage de l’Écriture, dans la louange et la prière.

Le Christ a dit alors : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là mais encore pour ceux qui accueilleront la Parole et croiront en moi » – donc aussi pour nous. Nous sommes donc dans la même situation que ces disciples auxquels parlaient Jésus, ce petit groupe de disciples entourés d’un monde hostile ou bien indifférent, et qui bientôt ne verraient plus leur Maître. Jésus ne veut pas que leur regard ni leur pensée s’arrêtent à ce moment encore privilégié de la rencontre, ce temps qui ne va plus durer. Jésus ne veut pas qu’ils se contentent de ces quelques années passées ensemble, et qui bientôt vont s’estomper dans le passé. Jésus tourne les regards, les pensées mais aussi l’espérance de ce petit groupe vers une autre réalité. Ils vont bientôt la connaître, car ils vont être les instruments de Dieu pour la créer : cette communauté de chrétiens répandus dans le monde, là où ils vont s’éparpiller et témoigner. L’Ascension va déboucher sur la Pentecôte, et le livre des Actes des Apôtres, l’envoi des Chrétiens dans le monde, leur dispersion comme des semences de vie.

3.     Promesse, exhortation, espérance, telles sont ces paroles de Jésus à ses disciples le jour de l’Ascension. Promesse d’une communauté infiniment plus grande qu’on ne peut l’imaginer, à l’échelle de la planète, au-delà des frontières, des différences de langue, des divisions et des classifications humaines. C’est par d’autres Chrétiens que nous avons reçu Évangile du Christ ; nous en vivons aussi avec tant d’autres répartis sur tous les continents, qui en ce jour célèbrent comme nous le culte. Notre monde justement souffre de méconnaître son passé, d’oublier les générations précédentes, celles qui ont porté la vie. Une des raisons de souffrances de ce monde, c’est son amnésie : l’oubli du passé, avec pour complément l’illusion de tout réinventer. Avec reconnaissance envers ceux qui nous ont transmis cette Bonne Nouvelle, nous sommes exhortés à faire de même, à transmettre, nous aussi, Évangile, par nos paroles, par nos actes, par notre vie. L’expérience nous montre que, de nos jours, ce n’est pas évident : cette transmission de l’Évangile se faisait presque naturellement de parents à enfants, d’une génération à l’autre. Du moins cela semblait évident. Or, de nos jours, la chaîne est souvent rompue, cette évidence paraît avoir disparu. Les Églises ne sont pas particulièrement visées, mais elles subissent le sort de toute institution. Raison de plus pour que notre témoignage soit vécu de manière plus fidèle et plus vraie !

Car c’est une espérance qui nous est donnée par ces paroles du Christ. Une espérance sous divers aspects : en premier lieu celle de vivre une vie commune, une unité qui ne soit pas de façade, mais vraie. « Que tous ils soient un comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi », dit le Christ. Rien d’artificiel dans cette prière ni dans cette espérance, aucune confusion, aucune fausse imitation. Mais la promesse d’accomplir ce qui est parfois si difficile de nos jours : tout simplement vivre ensemble, entre parents et enfants, hommes et femmes, membres d’une même paroisse, citoyens du même pays. C’est une possibilité qui nous est promise et donnée, une porte qui reste ouverte, un lien qui subsiste d’autant plus qu’il ne dépend pas de nous, mais du seul Sauveur.

Bien entendu cela concerne nos relations avec des Chrétiens d’autres Églises, que nous ayons ou non des relations faciles et habituelles. Si nous ne sommes pas unis, sachons au moins pourquoi, et que ce soit pour de bonnes et vraies raisons ! Si nous pouvons au moins travailler, prier, agir ensemble, faisons-le avec joie, sachant que nous accomplissons ainsi la volonté du Seigneur. Mais, en cette année électorale, la fête de l’Ascension est d’une importance particulière : elle rappelle à notre foi que, quelles que soient les divisions humaines, c’est Dieu qui conduit sa Création à son destin. « Jésus est le Seigneur ». Amen.

Pierre Stabenbordt.

Cantiques proposés

(Recueil arc en ciel) : 484   488   522

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).