2010 . 02 : QUASIMODO GENITI, 1er Dim. après Pâques

Dimanche 11 avril 2010

             La nouvelle naissance

                1 Pierre 1, 3 à 9


 (Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

Le pasteur, un peu anxieux, entre dans la chambre d’hôpital. L’homme l’accueille avec enthousiasme, lui annonçant: «Ils m’ont dit que finalement c’était bénin; j’ai vu le professeur ce matin.». Mais l’homme se trompe assurément: il a bien un cancer et n’en a plus pour très longtemps à vivre, mais il ne veut pas l’entendre.
Que faire ? Infirmer, ou lui laisser son espoir ? Qui a le courage de contredire le malade dans un cas pareil? De lui ruiner son espérance ? Qui peut vivre sans espérance; c’est quasi impossible ! Ne sommes-nous pas comme ce patient: nous nous fabriquons de l’espérance et nous trompons nous-même et nous trompons les autres. Parfois nous travestissons la vérité, pour ne pas décevoir, ou pour rendre le message attractif: Dieu vous guérit, la foi vous libère de tout souci, de tout combat, la vie sera plus belle…
Pierre nous parle d’une  nouvelle naissance, d’une vie renouvelée. Ce patient résiste à cette vie nouvelle. N’est-il pas en train de vouloir sauver sa vie ancienne ? Sommes-nous prêts à un changement radical ?
De toute manière, l’évangile nous met devant un choix, un changement, un appel à prendre une décision. Changement de vie, changement d’esprit, changement d’état d’âme, tout cela transforme notre vie. Mais il y a au moins deux directions possibles et le texte original laisse d’abord la porte ouverte. Le mot traduit pas espérance signifie en premier lieu «attente d’une chose, prévision»; cela peut se traduire par «crainte, attente d’un mal, ou alors espérance, espoir». Devant le même avenir, certains sont optimistes, d’autres abattus. Comment s’opère la différence?
Pour comprendre il faut saisir ce que provoque la miséricorde de Dieu. Elle pointe d’abord ma nature véritable, ma dureté, mon imperfection qui a besoin de cette miséricorde. C’est comme s’il me fallait faire le détour par la vérité à mon sujet. Cela va sans doute provoquer de la désolation, du découragement, et blesser mon orgueil, me faire perdre mes illusions sur moi-même. Et c’est alors la porte ouverte à la mauvaise conscience, à la culpabilité. Je vais tenter de me justifier  à travers mes paroles et des actes toujours plus exigeants. Je me sens mauvais, nul et je compense en visant une perfection impossible. Et ceci est voué à l’échec car à la vérité irréalisable. C’est  l’attitude du malade qui cherche à se sauver lui-même, contre toute espérance, à sauver son ancienne vie pour laquelle il ne peut plus rien. Voilà pour le découragement !
La deuxième attitude, et c’est une deuxième étape, est plus simple mais aussi plus radicale et donc moins facile: c’est l’abandon (ou la petite mort) pour la seule issue possible: s’abandonner à la miséricorde de Dieu, accepter qu’un autre fasse ce dont je suis incapable. Mais pour en arriver là nous passons souvent par la phase de découragement.
La Nouvelle Naissance n’est jamais la réussite de nos propres efforts. Elle est réalisée par Dieu seul. C’est la seule espérance vivante, car elle produit un changement, une adaptation. Et c’est une vie nouvelle, où nous sommes déchargés de ce fardeau de la culpabilité qui fait peser sur nos épaules des efforts constants vains et inutiles pour être toujours meilleurs et plus performants.
Pierre compare cette Espérance à un héritage. L’héritage est ce qui nous est légué par le père. Notre héritage est ce qui nous relie au père, ou à la famille. Cela est un dû et un don. Cela nous revient malgré nous et personne ne peut nous le disputer ou nous le ravir. Les gènes que je porte en moi je ne peux ni les transformer, ni les nier, ni les refuser. Lorsque l’on fera des recherches génétiques, on saura à quelle lignée, à quelle famille j’appartiens. C’est donc ce qui se passe avec la famille chrétienne, ou le Père céleste: on ne pourra pas me le prendre, pas me le dénier, ni me le transformer, ni me le détruire.
Mais cet héritage va conditionner ma vie future. Ces gènes vont déterminer, en partie, ma vie. Je vais développer ce qui a été amorcé avant moi, je vais perpétuer quelque chose, mais non pas dans la simple continuité. J’en ferai quelque chose de plus, je le porterai plus loin, je serai créatif. Je ne vais pas simplement reproduire ce qu’on a fait dans ma famille. La parabole des talents illustre bien cet aspect: chacun reçoit une somme d’argent. A lui de la faire fructifier, à prendre le risque de tout perdre, mais surtout à ne pas l’enterrer.
Je peux aussi hériter d’un passif, d’histoires de familles lourdes, difficiles et douloureuses. Je vais devoir le reprendre à mon compte bien malgré moi. Je peux les reprendre comme un flambeau qui était en train de s’éteindre. Il faut lui redonner une vie nouvelle. Mais je peux aussi détruire ce qui m’a été légué, le gaspiller, le dilapider. Dans tous les cas l’héritage engage ma responsabilité. Difficile lorsque que je n’ai pas choisi. C’est la grande révolte de l’adolescence qui voudra rejeter le tout à l’entrée dans l’âge adulte: « je n’ai pas demandé à vivre ! »
Mais cet héritage n’est pas mien, puisque je m’inscris dans une lignée et dans une descendance. Comme j’ai reçu, je vais aussi transmettre quelque chose: une éducation, une terre plus ou moins habitable, des idées… Cette responsabilité est limitée devant Dieu, car l’héritage du Père ne peut pas se flétrir, ne peut pas être détruit ou éteint. Que je le reprenne ou que je le rejette, que je le dilapide ou le développe, il est « gardé dans les cieux », il conserve un aspect éternel. C’est  un encouragement à s’engager, à le développer, à le mettre en jeu et non pas à l’ensevelir, car il ne se perdra pas: il est auprès de Dieu qui reste maître de son bien et le restituera tout à la fin.
Cette vie nouvelle est celle qui met en jeu ma vie après la mort du père, après le décès de l’ancienne famille. L’héritage sera toujours un rapport à la mort. Cet héritage nous aide pour le passage d’une vie à une autre vie, d’une vie de dépendance à une vie de responsabilité, d’une vie mineure à une vie d’adulte. Il m’en donne les moyens. C’est çà la vie nouvelle. Elle est transformée par l’Espérance qui a pris conscience de l’héritage que j’ai touché et qui m’ouvre d’immenses possibilités. Non je ne suis pas mal doté, non je ne suis pas pauvre. Le Père me lègue une vie pleine de promesses, pleine d’attentes, pleine d’espérance. L’espérance chrétienne m’associe au projet du Père. La mort et la résurrection du Christ en sont le signe et la garantie.
Que devient cette vie nouvelle? Elle suscite la force critique face à tout ce qui est destruction. L’espérance réveille l’esprit de résistance chaque fois que la vie est freinée ou menacée, chaque fois que l’injustice pointe son lot de souffrances. C’est pour cela que cette conviction ne facilite pas la vie. Au contraire les difficultés s’annoncent, les contradictions les attaques et les épreuves. Mais prennent sens et deviennent supportable parce qu’elles ont une raison d’être, un but, une visée.
Cette espérance dont nous sommes les porteurs et les témoins ne cherche pas à mentir sur la vie. Jamais il n’est question d’une vie meilleure ou plus belle ou plus douce que celle des autres qui nous côtoient dans le monde. Jamais nous ne pourrons promettre la fin des obstacles de ceux qui croient ou qui prient, jamais il n’y a de traitement de faveur devant les assauts de la maladie ou des souffrances. Ce serait trompé, ce serait croire que les croyants ont des passe droits. Un véritable témoin partage la vie de ceux qui l’entourent, croyants ou pas. Mais les combats et les difficultés prennent un sens à cause de l’espérance et c’est en cela que la vie est transformée, que la vie est renouvelée. Elle a un but, une visée qui s’appelle Royaume.
Cette espérance n’est pas à vivre en-dehors du monde, et pourtant elle ne se réalise pas dans ce monde, mais dans un au-delà de ce monde, un lieu encore inconnu et indescriptible, vers lequel nous tendons. C’est là qu’est conservée, qu’est gardée cette espérance dont la révélation et les contours restent encore à venir. Elle est bien mieux préservée que dans les utopies politiques, économiques, et les idéaux du monde. Cette Espérance donne le ton à une vie renouvelée dès ici bas.
¼ – Service des Lecteurs – SL – 16 – 11.04.2010 – Richard GRELL

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).