2010 . 03 : MISERICORDIAS DOMINI, 2e Dim. après Pâques

18 Avril 2010
 
Le bon Berger

I Pierre 2/21b-25


(Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

 

A. 1. Cette lettre a été écrite par Pierre à une paroisse chrétienne d’Asie Mineure, dont on ne sait pas le nom, juste avant une persécution, ou une menace de persécution. Divers indices le montrent à travers la lettre.
 
        Il faut fortifier cette paroisse, pour qu’elle puisse, à la fois supporter ce qui la menace, et y réagir, et ceci en prenant l’exemple du Christ, présenté ici comme « le berger et le gardien des âmes ». Il s’agit de consolation, dans le premier sens du mot : le préfixe « con » signifie « avec », et « solation » signifie « être seul ». La « con-solation », c’est d’être auprès de celui ou celle qui est seul.
 
        Sur quel fondement Pierre va-t-il se placer ? Sur celui du Christ, « l’exemple » (v. 21) et le « berger qui garde nos âmes. » (v. 25).
 
2. Le Christ a souffert tout ce que vous souffrez ou souffrirez.
    Il l’a souffert injustement, comme vous.
    Il a vaincu par la force de Dieu, et il est ressuscité.
    Vous aussi vous vaincrez par Dieu, et vous entrerez dans une vie nouvelle, ici-bas, et pour ceux qui mourront, là-bas, au ciel.
 
     Vous n’êtes donc pas seuls : Dieu est avec vous, il vous « console », il est près de vous qui êtes seuls devant la souffrance, la mort peut-être, et devant vous-mêmes. Vous n’êtes pas seuls : le Christ est avec vous, berger et gardien attentif, qui voit ce que vous ne voyez pas et vous conduit, pas seuls mais avec les autres, dans son troupeau.
 
 
B. 1. Certains diront : ceci est de la résignation, l’acceptation passive de la situation.
 
        Non, car la persécution, même inéluctable et qui laisse meurtri, sinon mort, ne suppose pas d’accepter passivement. L’esprit de résistance triomphe toujours à la fin, même s’il y a des martyrs. Les chrétiens ont imposé le respect d’eux-mêmes, et le respect de la justice et de la vérité envers tous les hommes, dans l’Empire romain, après 3 siècles de luttes et de souffrances. Il a fallu 300 ans, mais en l’an 311, quand Constantin introduisit la liberté de religion, la victoire était réelle.
 
        Etre persécuté ne signifie pas la résignation : regardez les millions de victimes du nazisme et du communisme : leur résistance et leur force en face de la dictature meurtrière ont fait que ces deux systèmes ont fini par s’effondrer.
 
2.     Le Christ a donné l’exemple de la résistance : il n’a pas injurié, il a béni, il n’a pas appelé à la vengeance mais à l’amour. Il n’est pas tombé dans le piège des persécuteurs, qui attendaient qu’il fasse ce qu’eux faisaient. L’exemple de la résistance et de la force, mais pas n’importe comment : pas de fraude, pas d’injure, pas de menace. Donc « pas de péché », dit Pierre.
 
3.    Pas de péché !  Curieuse manière de parler. Nous qui sommes habitués à nous défendre, et même à nous venger, peut-être peu, ou parfois plus, et trouvons cela normal, nous sommes surpris par cette façon de dire : si vous êtes attaqués, ne tombez pas dans le péché en répliquant. Pierre dit plus loin cette parole bien connue : « Soyez toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande compte de l’espérance qui est en vous. » (3/15).
 
        Suite à cette parole de Pierre, d’autres disent : « Surtout pas de vagues, résignez-vous, acceptez, sinon pire viendra ! »
Ce n’est pas une solution. Pierre dit bien : « Défendez-vous ».
Il faut donc le faire, mais avec douceur et respect. Personne n’a dit que c’est facile, mais c’est la demande de l’apôtre.
 
C. 1.  Cela nous ramène au Berger de nos âmes, au Christ.
 
        Et à l’évangile d’aujourd’hui, dans Jean 10, où Jésus dit : « Je suis le bon Berger. Le bon berger donne sa vie pour les brebis » (10/11), « Les brebis connaissent ma voix et elles me suivent » (10/27).
 
        Le berger, qui nous propose de le suivre dans la persécution, est le bon berger, celui qui a donné sa vie pour les brebis. Il n’a pas d’autre qualité à présenter. Mais donner sa vie signifie qu’il « a souffert, qu’il est mort sous Ponce Pilate, qu’il est ressuscité le troisième jour et que maintenant il siège à la droite de Dieu .» C’est donc bien le Christ crucifié et ressuscité qui est le vrai berger, pas un autre. Et Pierre nous dit : « Là où est allé le berger, là les brebis iront. Et si elles vont dans la mort avec leur berger, elles en sortiront pour la vie. »
 
2.     C’est donc le Christ de Pâques qui est le vrai berger. Pas celui de la Passion simplement. Ou pour être plus exact, le bon berger est à la fois celui de la Passion et celui de Pâques. Il ne pourrait pas être ressuscité s’il n’était pas mort. Il n’aurait pas accompli son œuvre s’il était resté vivant. Mort et résurrection sont le fondement du ministère du berger chez Jésus, ce qu’on appelle son « Hirtenamt ».
 
        Le Christ berger combine les thèmes de la souffrance et de la mort, et ceux de la vie et de l’élévation au ciel. En effet, le bon berger est aussi le Christ de l’Ascension : s’il ne siégeait pas à la droite de Dieu, il serait un berger impuissant. Au total, la Passion, la Résurrection et l’Ascension fondent le pouvoir du Christ et son ministère de berger.
 
        C’est la raison pour laquelle cette adoration du Christ comme notre berger est placée en ce 2ème  dimanche après Pâques. La Passion et la mort du Christ remontent à 3 jours plus 2 semaines, soit 18 jours, et l’Ascension sera fêtée dans 3 semaines plus 4 jours, soit 25 jours. Autrement dit, le bon berger est placé à mi-distance entre la mort et la résurrection du Christ, et son Ascension.
      
3.     Où est là-dedans la consolation ?
 
        Dans le fait que la force et la capacité de résister que donne le Christ est prévue pour maintenant, pour aujourd’hui. Aujourd’hui nous sommes persécutés, ou moqués, ou ennuyés. Dans notre vie présente. Pas dans le futur. La lutte sournoise et continuelle et obsessionnelle du pouvoir français contre la religion, c’est dans l’actualité que nous la vivons. Pas dans le futur et après notre mort. Les attaques continues des fanatiques musulmans contre les chrétiens, en Irak ou en Iran par exemple, c’est aujourd’hui qu’elles se produisent, pas il y deux siècles dans le passé. Cette persécution actuelle suppose une « fortification de nos âmes » actuelle, une « con-solation » présente, une conduite actuelle par le berger.
 
D.    La consolation est dans la certitude que le Christ est avec nous, et près de nous. Mais alors, dit Pierre : « Allez à ce berger, allez à ce gardien de vos âmes ! Priez, soutenez-vous réciproquement ! Ne soyez pas passifs, faites quelque chose, montrez-vous ! Sortez de votre coquille. Témoignez avec douceur, intelligence, respect, ne tombez pas le péché. Agissez à l’exemple du Christ, vous rappelant qu’il est votre berger et que c’est lui qui vous sauvera. Amen.
 
Chants :

Ps 23  Dieu, mon berger, me conduit et me garde
NCTC 185, ARC 457, ALL 33/03 Tu nous aimas, ô bon berger
ALL 34/12 Jour triomphal du Fils de Dieu
ALL 34/31 Jésus entre dans son règne
LP 300  T’aimer, Jésus, te connaître
LP 253 ALL 44/10 Je suivrai Jésus-Christ

¼ – Service des Lecteurs – SL – 17 – 18.04.2010 – Yves KELER

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).