2010 . 05 : CANTATE, 4e Dim. après Pâques

Dimanche 2 mai 2010

Un cantique nouveau

Colossiens 3, 12-17

(Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

   
    Frères et Sœurs en Jésus Christ,

    Michel Wackenheim, curé de la cathédrale, compositeur de nombreuses mélodies de chants liturgiques et de cantiques, écrit dans son livre édité l’an dernier et intitulé :  Gestes et signes de la foi : « Il y avait du chant et de la musique au Temple et à la synagogue. Issus du judaïsme, les premiers chrétiens ont maintenu cette pratique en ajoutant aux psaumes de la Bible leurs propres créations, selon Colossiens 3, 16 : « Chantez à Dieu par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés par l’Esprit ». L’auteur ajoute : « Le chant est le seul élément sensible qui soit capable de faire l’unité à partir du multiple, selon Romains 15, 6, « un même cœur et une seule voix » à partir de plusieurs chanteurs…Le chant invite au chant. Nous avons peut-être plus appris des autres à les écouter chanter et à chanter avec eux qu’en bien d’autres exercices de langues ».

    Une catholique non pratiquante a été retrouvée par le Bon Berger grâce aux chorals protestants qu’elle aimait entendre, en s’arrangeant de passer à côté de l’église à l’heure du culte pour aller acheter le journal.

    Lorsque toutes les voix s’élèvent en même temps et à l’unisson, il se passe du nouveau. Nous avons l’impression qu’une sublimation spirituelle nous réconforte, nous réconcilie avec les heurts de nos vies, nous rapprochent de nos ennemis. Tout se passe comme si les sons, les accents et les paroles, à peine sortis de nos bouches et de nos corps, rentrent à nouveau dans nos oreilles et nos cœurs, mais chargés de la grâce de Dieu dont la paix nous irradie. A vrai dire, chacun de nous aurait besoin d’un cantique spécial pour exprimer ses propres souffrances et joies. Mais les vieilles paroles de nos cantiques bien aimés contiennent à l’avance nos requêtes, nos confessions et nos louanges personnelles. Nos accentuations particulières sont englobées dans le chant commun qui les entraîne avec plus de vigueur vers Dieu et qui rassemble toutes les intentions de prière personnelles. « Chanter, c’est prier deux fois » affirme Saint Augustin. Ainsi nous ne quittons pas nos célébrations comme nous y sommes venus, mais l’interaction du chant avec Dieu et avec la communauté nous console, nous renouvelle et nous affermit afin de pouvoir affronter le quotidien avec confiance et détermination.

    L’apôtre Paul voulait empêcher qu’au sein de la jeune église de Colosses se formasse  une élite qui se distanciait du « peuple » et qui cherchait à être composée de meilleurs chrétiens, soit par l’obéissance exigeante aux exhortations exhaustives juives, ou bien par leurs expériences extériorisées et excentriques, exaltées et extatiques, exubérantes et exhibées, excitées et extrémistes, ou bien encore par leurs enseignements et exégèses ex-cathedra et extralucides. Pour Paul, ce sont par le moyen des psaumes, des hymnes et des chants spirituels que les croyants qui les reprennent ou les inventent, s’instruisent et s’exhortent réciproquement. Et ceci donc à égalité de rang, sans vouloir être exceptionnels !   

    L’apôtre ajoute au chant qui fait l’unité, trois autres manifestations de parité :
–    tout d’abord c’est le don reçu de la Parole du Christ dont l’enseignement et la richesse sont suffisants pour que la communauté puisse se passer des discours de donneurs de leçons. Nous sommes logés à la même enseigne et ne pouvons être que reconnaissants au Christ pour sa Parole  qu’il s’agit de recevoir et d’actualiser.
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–    de plus, dans la mémoire des grâces divines qui nous ont déjà été faites, il s’agit d’être tous également reconnaissants : reconnaissants au Christ le seul chef de l’Eglise de nous avoir adoptés par le baptême fondateur, reconnaissants qu’il nous ait tous, sans distinction et sans que nous le méritions, élevés au rang d’élus de Dieu, de saints et de bien aimés, reconnaissants de nous donner l’honneur d’être mortel comme lui et l’honneur de ressusciter avec lui.
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–    s’il y a égalité entre nous par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu notre Père et la communion du Saint Esprit, la fraternité régule les relations interpersonnelles et cimente cette égalité. Les sentiments de compassion relèvent les souffrants et autres lésés à notre rang. Le pardon réciproque efface nos disparités, nos antinomies et nos dissociations. Bonté, humilité et douceur arrivent à considérer les autres comme supérieurs à nous-mêmes,  comme y exhorte Paul dans une autre de ses lettres, en tous les cas à ne pas les considérer comme inférieurs.
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    Hector BERLIOZ écrivait : « Laquelle des deux puissances peut élever l’homme aux plus sublimes hauteurs, l’amour ou la musique ? Ceci est un grand problème. Pourtant, il me semble qu’on devrait dire ceci : l’amour ne peut pas donner une idée de la musique, la musique peut en donner une de l’amour. Pourquoi séparer l’un de l’autre ? Ce sont les deux ailes de l’âme ». Chanter et aimer, souligne l’apôtre, nous enracinent profondément dans la joie imprenable du Christ Vivant qui habite et agit en nous. « Da wo man singt, lass dich nieder, denn böse Menschen haben keine Lieder » (Recherche la compagnie de chanteurs, car les méchants ne connaissent aucune chanson).

    C’est par les relations pacifiées entre ses « saints et élus » que la communauté paroissiale se distingue globalement d’autres regroupements où règnent par exemple la concurrence, la cupidité et la convoitise, le mensonge, la violence et les libertinages.

    Frères et Soeurs, l’apôtre Paul prêche donc que sous l’action passée et salvatrice de Jésus Christ, l’égalité et la fraternité sont des bonheurs possibles parmi et entre nous. Mais en pensant à la fameuse trilogie, liberté, égalité, fraternité, reste-t-il de la place pour la liberté individuelle en église? S’il n’y a pas de hiérarchie, s’il n’y a pas de concurrence, s’il n’y a pas de solos, s’il n’y a pas d’élite, la créativité personnelle est-elle permise ?

    Si l’apôtre conclut ses exhortations en changeant de registre et en demandant : « Quoique vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâce à Dieu le Père », c’est qu’il accepte volontiers et souhaite  que les hommes et femmes qui sont libres et égaux en droit, se différencient par leurs actes et  leurs œuvres, par leurs inventions et leurs styles de vie. A chacun de mettre au service des autres les dons personnels qu’il a reçus et les réalisations de la profession qu’il exerce. A chacun de travailler, de discuter, de construire, selon ses inspirations, sa formation et son caractère.  Paul ne limite la liberté des enfants de Dieu « qui ne sont soumis à personne mais qui soumis à tout le monde », que par l’invitation à agir au nom du Seigneur Jésus Christ à qui toutes choses ont été soumises, c’est à dire sous sa bénédiction et dans le sillage de son dévouement. Dans la reconnaissance pour ce que je suis d’unique et d’irremplaçable, je suis un membre indispensable aux autres membres avec qui je chante, avec lesquels je suis baptisé dans la mort et la résurrection du Christ, avec qui je me  ressource dans la même Bible de référence et avec qui je partage humblement le repas sacré de la Sainte Cène. Amen.

                                Georges Bronnenkant

Proposition de cantiques :

Arc en Ciel : 33, 96, 98, 225, 245, 255, 272, 496, 624, 890

¼ Service des Lecteurs – SL – 19 – 02.05.2010 – Georges BRONENKANT

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).