2010 . 09 : PENTECÔTE, Dimanche

Dimanche 23 mai 2010

L’Eglise de l’Esprit

Actes des Apôtres 2/1-18

(Série de Prédication II (Predigtreihe II) : Anciennes épîtres )

Peut-être avez-vous déjà connu cette situation : vous êtes assis à votre bureau, penché sur un travail écrit à faire, mais vous avez la tête vide ? Les minutes s’égrènent, le temps passe et on attend la source d’inspiration. Dehors, il fait beau, trop beau pour rester enfermé. Soudain, on sent l’appel de l’extérieur.

Voilà qu’arrivent de manière bousculée des pensées qui, comme des voix dialoguant entre elles disent :
– Je vais aller de ce pas me balader en forêt, profiter du soleil, me détendre. Le travail, finalement peut attendre.
– Tu n’y penses pas, clame une autre voix en nous. Pas question de te prélasser. D’abord le travail, ensuite le plaisir !
– J’ai beaucoup travaillé ces derniers temps, je peux bien m’accorder un petit moment de détente !
– Dehors, tu n’auras pas l’esprit tranquille et tu ne pourras donc pas profiter sereinement de la météo clémente et de la nature ! Il est plus raisonnable que tu restes à ton travail.

Constamment, nous avons des dialogues intérieurs qui ne se déroulent pas toujours aussi bien que celui que je viens de raconter. Il y a des dialogues intérieurs qui ressemblent plus à des disputes qu’à des dialogues et où, au final, nous sommes divisés en nous-mêmes.
Le monde extérieur est à l’image de notre monde intérieur : désaccords, malentendus, incompréhensions constituent le quotidien des relations humaines. Les personnes se parlent mais n’arrivent pas vraiment à se rejoindre. Elles se parlent mais ne se comprennent pas. La rencontre n’a pas lieu, car leur dialogue est truffé de malentendus et d’interprétations.

L’histoire de la Pentecôte telle qu’elle est rapportée dans le livre des Actes des Apôtres parle d’un récit de miracle mettant en scène des éléments naturels : un vent violent, des flammes de feu. Ces éléments préparent et annoncent le véritable miracle : les disciples sous l’impulsion de l’Esprit Saint se mettent à parler d’autres langues. C’est vrai que si nous parlions chacun maintenant le russe ou le chinois ou une toute autre langue que nous n’avons jamais apprise, cela relèverait du prodige. Un prodige toutefois relativement anecdotique.
Si jamais un jour quelque chose ou un événement prodigieux se produit dans votre vie, nous pouvons bien sûr nous en réjouir et même en être émerveillés. Cependant ce qui compte c’est le sens que nous pouvons tirer du miracle.
Il arrive par exemple que des personnes guérissent miraculeusement d’une maladie déclarée inguérissable par la médecine. Ces personnes qui vont vivre encore des années doivent se demander pourquoi c’est arrivé pour elles, quel est le sens du miracle.

Dans l’histoire de la Pentecôte, on apprend que de nombreux juifs séjournant à Jérusalem, originaires du bassin méditerranéen, ne parlant donc pas nécessairement l’araméen, l’hébreu ou le grec – qui sont toutes des langues parlées à Jérusalem à cette époque-là-, comprennent soudainement les paroles des disciples et des apôtres qui s’expriment dans leurs langues maternelles.

Comprendre l’autre, l’étranger, parler avec lui et s’entendre est un sens que nous pouvons tirer du récit de la Pentecôte.
Oui, quand des étrangers, quand des personnes devenues étrangères l’une pour l’autre se parlent et se comprennent de nouveau, c’est un miracle. Quand des voisins qui se sont ignorés pendant des années, se souhaitent un beau matin « bonne journée », c’est un miracle. Quand des ex-époux qui se sont blessés mutuellement, arrivent de nouveau à se parler normalement, c’est un miracle. Et je prends encore un exemple au niveau international : imaginer un instant que palestiniens et israéliens, après des années de violences, de vengeances et de haines endémiques fassent œuvre de réconciliation et fraternisent, ce serait un miracle extraordinaire.
C’est le miracle du pardon et de l’amour qui est plus fort que la rancœur et l’animosité.
Malheureusement, la réalité sur le terrain du quotidien vient balayer nos illusions sur des petits et des grands miracles.

En dépit de l’événement de la Pentecôte, des voisins, des couples, des parents avec leurs enfants, des collègues de travail et bien sûr aussi des croyants persévèrent dans leur dialogue de sourds, passent à côté des uns des autres parce qu’ils ne s’écoutent pas les uns les autres, parce qu’ils ne tiennent pas compte de ce que l’autre exprime.
Oui, même dans nos églises, le dialogue de sourds se pratique couramment, malgré le Notre Père que nous prions ensemble, d’un seul cœur, d’une seule voix comme nous aimons à le souligner.
Je crois que de temps en temps, il est important que nous fassions le point sur l’état de nos relations et que nous osions poser la question : quelles sont les personnes dans mon entourage, parmi mes connaissances avec lesquelles je ne m’entends pas? Ne pas m’entendre avec elles dans le sens de :  ne pas les comprendre et qui ne me comprennent pas ou qui me laissent indifférent et réciproquement.

Probablement que vous avez déjà fait des tentatives de rapprochement et de conciliation ou vous avez honnêtement essayé de passer par-dessus les malentendus, les préjugés, les barrières socioculturelles, les fossés générationnels. Et puis rien. C’est comme si vous aviez parlé dans le vent. Souvent, c’est ainsi que les choses se passent. Alors par lassitude et découragement, nous baissons les bras.
Peut-être ne sommes-nous pas assez déterminés?  Peut-être n’arrivons-nous pas à surmonter la peur de l’autre?

Se comprendre, s’entendre, parler la même langue demande de la patience.
Même si avec certaines personnes c’est peine perdue (je n’ose pas dire définitivement, car rien n’est jamais définitif), avec d’autres nous pouvons toujours faire des progrès dans l’écoute et des efforts pour énoncer plus clairement ce que nous pensons et voulons.

Chacun de nous est chargé d’éléments de son histoire : notre éducation, nos croyances, nos expériences conditionnent notre présent. Tout est toujours question d’interprétation, car ce que nous entendons, voyons, lisons passe par le crible de notre propre histoire. Ce n’est pas grave, sauf si cela nous empêche de nous ouvrir au monde et aux autres.

Fêter la Pentecôte signifie être renouvelé par l’Esprit Saint.
Et nous avons tous besoin d’être renouvelés, régénérés, bousculés dans nos habitudes et nos croyances, secoués dans nos replis sur nous-mêmes.
L’Esprit Saint change notre langue en une nouvelle langue. Il nous pousse à sortir, à construire des ponts plus hauts que nos peurs, plus hauts que nos incompréhensions et nos malentendus.
Il nous devance toujours pour nous ouvrir une brèche qui nous mène sur des chemins nouveaux. L’Esprit Saint envoyé par Dieu et promis par le Fils n’est pas une figure de style pour faire beau, Il est agissant dans nos vies auprès desquelles Il se tient fidèlement, chaque jour afin de nous apprendre à parler une nouvelle langue, la langue du pardon et de l’amour.

Pasteur Anne EPTING, Bischheim

¼ – Services des Lecteurs – SL – 23 – 23.05.2010 –Anne EPTING

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER, au Secrétariat
de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).