2013 . 08 : EXAUDI

Dimanche 12 mai 2013
                                Exaudi

                           Jean 14, 15-19
                  La communauté dans l’attente

Introduction

Les chapitres 14 à 17 de l’évangile de Jean forment un ensemble. Dans le déroulement de l’évangile ils sont placés juste avant l’entrée du Christ en passion. Comme une sorte de « testament spirituel » ils sont donnés aux disciples par le Christ lui même, qui va vers son accomplissement par la croix et qui va, par là même, vers le Père pour le rejoindre dans sa gloire.

Historiquement, ces pages d’évangile s’adressent à une jeune communauté chrétienne à la fin du premier siècle qui connait de grandes difficultés : l’exclusion de la synagogue, la persécution aussi par les pouvoirs publics. Le Christ  en partance, qui laisse les siens dans un monde hostile, ne les laisse pas sans armes : le commandement nouveau, le don de l’esprit consolateur et la promesse de Vie (14/19) sont suffisants pour que la jeune église puisse trouver son chemin dans une époque trouble.

Prédication  Jean 14/15-19

Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ;
Moi, je prierai le Père ; il vous donnera un autre défenseur, qui restera avec vous pour toujours.

C’est lui, l’esprit de Vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connait pas.
Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous et  il est en vous.
Je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous.
Encore un peu et le monde ne me verra plus. Vous, vous me verrez vivant et vous vivrez aussi !

Chers frères et sœurs en Christ,
La page de l’évangile de Jean qui nous est donnée aujourd’hui  – entre l’Ascension et la Pentecôte – nous met, avec les disciples de Jésus, dans une position peu confortable, peu rassurante : ils savent que le temps est venu où il faudra vivre sans la présence rassurante de Jésus auprès d’eux.  Le maître s’en va : que vont devenir ceux qui ont compté sur lui ?

Et peut-être même n’est-ce pas seulement le temps d’un dimanche entre l’Ascension et  la Pentecôte, que nous sommes posés dans cet  « entre deux » où les certitudes se déchirent comme de vieux tissus dès qu’on y touche ! ?  
Peut-être même que dans votre vie quotidienne, vous sentez cette incertitude d’où surgissent des questions inquiètes : « mais il est où, Jésus ? »  « Mais il fait quoi, Dieu, dans tout ça ? »  « Je ne le vois pas plus à l’œuvre que ceux qui ne croient pas en lui !? »…

C’est difficile d’avancer avec assurance quand on manque de certitudes !
    Pour les disciples c’est maintenant que commence le temps des incertitudes : Jésus était avec eux physiquement jusqu’ici, et maintenant, il dit que c’est fini, que le monde ne le verra plus !

    Arrive alors aux disciples ce qui arrive à tout le monde quand on n’est pas rassuré et quand on prend peur :
On trouve une autre certitude, très néfaste celle-ci : celle que le monde vous est hostile et que tout cela va mal finir pour vous !
Vient alors la tentation de voir de la haine partout et d’y répondre par de la haine aussi, ou par le repli sur soi.

C’est exactement ce qui arrivait  aux chrétiens à qui s’adresse l’évangile de Jean.  

    Et c’est dans cette situation et pour cette situation de rejet par les autres et de repli sur eux-mêmes que le Christ de l’évangile a quelque chose à leur dire :
« Je vivrai et vous vivrez aussi ! »
La foi en Christ, dont ces chrétiens se réclament courageusement dans un environnement hostile, est porteuse d’un autre esprit que celui de la haine et du repli sur soi : elle est porteuse d’un Esprit de consolation (le paraclète) !  
Cet esprit consolateur  est l’esprit de vérité car il fera voir, à ceux qui le reçoivent, une autre réalité que celle de la haine du monde:
Cette autre réalité est que le Christ sera là, présent parmi eux, visible pour ceux qui croient en lui, même si le monde ne le voit plus !
Cette autre réalité est celle du matin de Pâques : la réalité d’une vie qui est plus forte que la mort : Encore un peu et le monde ne me verra plus. Vous, vous me verrez vivant et vous vivrez aussi !
    
        C’est un changement d’optique complet que l’esprit de vérité, l’esprit consolateur opère en nous :

Cet esprit là n’assure pas contre tout mal, ne peut nous épargner les ennuis d’une vie  menée à contre-courant. Mais dans la détresse, il donne les moyens de voir les choses autrement : il rend capable de voir le Christ présent parmi nous, malgré les apparences qui donnent raison à la haine et à la peur.

Mais alors, la foi, n’est-elle qu’une vue de l’esprit ? Une vue de l’esprit qui nous fait voir la vie en rose là où d’autres voient clair et donc noir ?
Concrètement, qu’est ce que cela change pour nous, que de recevoir l’esprit dont parle l’évangile ? En quoi cette autre vue sur les êtres et les choses changerait-elle nos vies, concrètement ?

Chers frères et sœurs en Christ,

La réponse à cette question n’est pas donnée d’un coup de baguette magique qui arrangerait la situation pour nous .

La réponse nous est donnée dans la première phrase de notre texte : Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements ;
    Et ceux-là sont donnés clairement quelques pages plus tôt dans l’évangile de Jean, quand Jésus parle aux disciples lors du dernier repas : Je vous donne un commandement nouveau : aimez vous les uns les autres. Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples. Jean 13/ 34+35

    Chers frères et sœurs en Christ,
Vous êtes peut être en train de vous dire : « parler d’amour n’est pas très concret !» : L’amour, c’est tout sauf concret, c’est un sentiment qui passe, une émotion forte, oui, mais très volatile le plus souvent !

Oui, l’époque moderne comprend l’amour comme un sentiment ou une émotion, à l’image de ce que nous voyons quand nous allumons notre télévision.
Mais l’amour dont parle le Christ, c’est bien plus : c’est une attitude  qui se traduit concrètement ;   par des paroles, par des pensées et par des actes envers autrui !
C’est bien pour cela que l’amour peut devenir un commandement aux yeux du Christ !
L’amour est don de soi, sans calcul de retour sur investissement, et en cela il casse les murs de la haine et de la méfiance.  En cela il est plus fort que la peur et le repli.
En cela l’amour est une force qui met en échec la mort même.
La mise en application de ce commandement ? Un exemple concret ?

    Chers frères et sœurs en Christ,
Il n’y a pas un exemple, mais il y en a une multitude ! Dans chaque vie, l’amour mis en pratique prend d’autres formes : Dans les gestes les plus ordinaires et les plus extraordinaires, dans les pensées, les paroles et les actes de chacun d’entre nous l’amour est présent ou absent.

Et si c’est vrai pour chaque vie individuellement c’est aussi vrai pour l’Eglise dans son ensemble : à chaque époque,  l’amour du Christ mis en œuvre doit prendre d’autres formes.
A l’époque de l’évangile de Jean cela passait souvent par le martyre, et encore aujourd’hui dans différentes régions du monde, il en est ainsi.
A une autre époque, la mise en œuvre de l’amour passait par l’invention de l’hôpital et de la diaconie qui devinrent des institutions.
Aujourd’hui nous sommes encore dans un tout autre contexte, dans une toute autre époque : A nous de trouver comment nous pouvons mettre en œuvre toujours et encore le commandement de l’amour qui nous a été donné.
Mais quelle que soit la forme que prendra l’amour concrètement, ce sera toujours de l’ordre de la VIE et jamais de l’ordre de la peur.
C’est là, la promesse du Christ : vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
AMEN

Prière d’intercession

Seigneur, nous te prions
Pour ceux qui nous sont proches et avec qui nous vivons au quotidien :  
Pour tous ceux qui luttent, qui cherchent, qui désespèrent,  pour ceux qui sont dans l’épreuve
ou dont la foi chancelle, mais aussi pour ceux qui t’oublient  dans la prospérité ou dans la joie,
Nous te prions, Seigneur.
Pour ceux qui gagnent avec peine leur pain quotidien,
pour ceux qui sont privés de travail ou de ressources,  
Pour ceux qui n’ont pas de famille ou pas d’abri,
pour ceux qui sont opprimés, calomniés ou exilés,
Nous te prions, Seigneur.
Pour ceux qui souffrent de leur solitude,
pour ceux qui traversent une  maladie ou un deuil.
Donne nous d’être compagnons de route les uns pour les autres, aussi dans les moments difficiles de nos vies.

Nous te prions, Seigneur.
Pour notre cité et notre peuple,
pour les responsables politiques et économiques,
pour les responsables de la justice :
Dans tous les pays de la terre
éveille des artisans de paix et de réconciliation pour le bien être de tous
Nous te prions, Seigneur.
Pour l’Eglise universelle,
pour sa fidélité dans la persécution
 et pour sa vigilance  dans le confort :
Donne nous de travailler à l’unité dans l’attente de ton Règne.
Nous te prions, Seigneur.
Et ensemble nous te disons

Notre Père

Propositions de chants :

Entre l’ascension et la Pentecôte : rappelons encore une fois l’événement fondateur de notre foi :
la résurrection avec un chant de Pâques :
ARC 484/1-3 Seigneur en ta victoire
ARC 471/1-3 A toi la gloire
Et puis, pour l’invocation de l’Esprit Saint
ARC 506/1-4 O saint Esprit, Esprit d’amour

Monika Garruchet, Strasbourg-Robertsau