MISERICORDIAS DOMINI 2011, 2e dimanche après âques : Ezéchiel 34|1, 10616, 31

Thème : le bon berger

8 mai 2011

Ezéchiel 34/ 1 ; 10-16 ; 31


A. 1.   Frères et sœurs, l’image du berger ne nous est plus tellement familière.
Nous nous extasions devant un troupeau de moutons ou de vaches, et passer devant un parc de bêtes aux cloches sonnantes est déjà une aventure qui n’est pas donnée à chacun. Nous sommes des gens de la ville, et aujourd’hui, la campagne est rattrapée par le vide d’animaux. Une vieille paroissienne de Sessenheim m’a dit un jouir : « Rendez-vous compte, il n’y a plus une seule queue de vache dans le village ! »

        La machine agricole et la voiture ont remplacé les bêtes, et les troupeaux actuels sont les colonnes motorisées sur la route. L’image du berger calme derrière ses moutons a fait place à celle du policier à moto ou en camionnette, ou en hélicoptère, conduisant une masse à coup de radars, de feux tricolores et de panneaux indicateurs. Et il arrive que ces nouveaux gardiens de la paix tapent fort sur les manifestants pour les calmer, ce que ne fait jamais un berger, qui manœuvre ses bêtes de la voix ou à l’aide d’un chien qui ne les mord jamais

        Bons bergers, mauvais bergers ? ce serait aller un peu vite, et la comparaison d’Ezéchiel ne vise évidemment pas les policiers, du moins pas les nôtres, qui dans l’ensemble font convenablement leur métier. Ezéchiel vise les mauvais chefs du peuple d’Israël qui ont envoyé celui-ci à la catastrophe. Et il les accuse d’être de mauvais bergers. Qu’est-ce qu’un bon et un mauvais berger ?

2.      Un berger travaille dans l’intérêt du troupeau en général et des bêtes qui le composent en particulier.
C’est un vrai métier, qui nécessite des connaissances, du jugement et des capacité de décision. Et si l’on parle d’un chef qui dirige des hommes, s’il est un vrai berger, il n’est pas une idole que l’on adule, un homme qu’on déifie, une créature supérieure qui dirige depuis son palais, de derrière des murs hautains. Diriger un peuple, ou un groupe, une Eglise ou une paroisse,, est un vrai métier, qui ne s’improvise pas.

        C’est pour cela qu’il existe bien de mauvais bergers
: ceux qui vivent sur le troupeau et comme on dit, « broutent la laine sur le dos des moutons », qui en présidents-directeurs-généraux traitent leurs gens comme des choses et des sources de profit. Que ce soit un profit matériel, en argent, maisons ou avantages, ou un profit d’autorité, d’impunité et de malfaisance. Les derniers dictateurs arabes que leur peuple a renversés nous en donnent un bon exemple. C’est contre ce genre de gens, qui dirigeaient le peuple d’Israël en son temps, que s’élève Ezéchiel.

B. 1.   Dieu avait confié son peuple à des rois et à des princes, à des prêtres et à des prophètes, afin qu’ils le conduisent en son nom sur la terre. Je dis v=bien : en son nom. Car le seul berger d’Israël, c’est Dieu lui-même. Ezéchiel le dit expressément au verset 15 : « C’est moi qui fais paître mes brebis, dit le Seigneur, l’Eternel. » Et le seul roi d’Israël est Dieu.

        Rappelez-vous, quand le peuple vint demander à Samuel de lui choisir un roi, Samuel répondit : « Vous n’avez pas besoin d’un roi, car Dieu est vitre roi ! » Plus tard, les Juifs eurent des rois. Les prophètes leur ont sans cesse rappelé qu’ils étaient simplement les représentants visibles, et encore seulement sur la terre, du Dieu invisible qui règne autant aux cieux que sur la terre. Le peuple est confié au roi, il ne lui appartient pas. Le roi doit rendre des comptes à Dieu, de même les princes, les prêtres, les prophètes.

2.     Dieu en a contre eux, dit Ezéchiel.
Et pourtant, quand le prophète dit cela, ils ne sont plus rois, ni prêtres, ni prophètes. Ils sont des prisonniers de guerre à Babylone, chez le roi Nabuchodonosor qui a détruit l’état juif et sa capitale Jérusalem. Mais cela ne les excuse pas : ils sont bien les fautifs, et leur punition est méritée. Ils sont doublement fautifs : ils se sont enrichis sur le dos du peuple, et ils l’ont conduit à la ruine. Avec ce résultat que le peuple dit, comme le 2e Esaïe : « Nous sommes un peuple mort, abandonné de Dieu »

C. 1.   C’est là que se révèle la grandeur de Dieu, le vrai berger.

Maintenant que son peuple est dispersé et dans la captivité, Dieu s’occupe de lui. Puisque les mauvais bergers ne s’occupent plus de leur peuple, et ne pourraient même plus le faire, Dieu prend les choses en mains. Le vrai berger, on le reconnaît quand les choses vont mal : c’est là qu’il dit intervenir efficacement.

        Dieu annonce qu’il va « réunir ses brebis de tous les lieux où ils ont été dispersés » (v. 12). et il les « ramènera dans leur pays, il les fera paître sur les montagnes d’Israël » (v. 13). Enfin, dernière étape dans cette œuvre : un nouveau berger sera placé par Dieu à la tête de son peuple : David. C’est à dire un nouveau David, le premier étant mort depuis 500 ans.

2.      Pourquoi David est-il le modèle du berger ? Pas seulement parce qu’il a été un berger dans sa jeunesse. Mais parce qu’il a été un rassembleur. David a fait l’unité entre les tribus juives, souvent rivales et même en guerre l’une contre l’autre. Car tout dans la vie des tribus n’était pas roses. Le livre des Juges et de I Samuel décrivent ces conflits, puis comment David y a mis fin en unissant les Juifs autour de sa personne. David a construit un peuple fort et uni. Mais Salomon, son fils, a fini par le diviser, et à a mort, le royaume s’est scindé en deux parties : le royaume d’Israël au Nord, et celui de Juda au Sud. 

3.   Ezéchiel annonce cette parole de Dieu, pour le rassemblement du peuple en exil, en l’an 560 avant6jésus-Christ, à Babylone. En quoi cela nous concerne-t-il ?

        D’abord, nous sommes le peuple de Dieu, 2500 ans plus tard. L’Eglise chrétienne est le peuple dont Dieu est le berger. Et Dieu nous a envoyé, il y a 2000 ans, un berger fidèle, le Christ. Un de ceux qui laisse les 99 dans l’enclos pour chercher celle qui s’est égarée. Un berger qui prend des risques, qui donne sa vie, qui la perd sur la croix, et qui la retrouve par Dieu, qui le ramène des morts comme il a ramené les Juifs de la mort de l’exil. Jésus est le berger qu’il nous faut. Et nous fêtons sa résurrection et nous le proclamons berger vivant de son peuple. Comme David, Jésus est le rassembleur de son peuple.

        Mais dans ce peuple, les mêmes problèmes apparaissent : le grand berger a confié à de petits bergers de conduire le troupeau, à des pasteurs et à des inspecteurs, et à des délégués et à des présidents d’Eglise. Et là, on retrouve les problèmes relevés par Ezéchiel ;: les bergers ne sont pas tous fidèles, pas tous assidus, quelques uns mangent la laine  des brebis, ou bien ne sont guère exemplaires pour le troupeau. La prédication d’Ezéchiel nous concerne car elle montre que le peuple d’aujourd’hui subit les mêmes problèmes que le peuple d’alors. Et que ceux qui nous dirigent ne sont pas les héros attendus, et que l’Eglise reste l’Eglise qu’il faut sans cesse réformer, comme l’a dit Matin Luther.

        Ezéchiel demande aux dirigeants d’être modestes et humbles, de servir au lieu de courir les honneurs. De faire leur travail avec compétence, de s’instruire au lieu d’affirmer des fausses vérités, d’être exemplaires dans leur vie familiale et personnelle, comme de bons témoins de l’évangile aux quels on demande d’être les modèles du troupeau, comme le dit l’apôtre Pierre.

D.     Ezéchiel nous rappelle aussi que Dieu lui-même prend les affaires de son Eglise en mains,
même et surtout si certains sont de mauvais bergers. Mais par là il n’exonère pas ces derniers. Au contraire sa parole garde sa sévérité.

        La parole d’Ezéchiel nous concerne bien : elle nous appelle à la vigilance quant à nos bergers, elle appelle les bergers à être fidèles. Et elle nous rappelle que Dieu conduit son peuple d’abord, et que les bergers ne sont que ses serviteurs.      Amen

                                                             Yves Kéler

CANTIQUES

Psaume 23  Dieu, mon berger, me conduit et me garde
RA 355, EG 614  Mein Hirt ist Gott, der Herre mein
ARC 12/04 Le tout-puissant est mon berger
RA 348, EG 274 Der Herr ist mein getreuer Hirt
Trad: ALL 12/03 Le bon berger, le Dieu très haut
Psaume 80  O berger d’Israël, écoute
Psaume 74  Pourquoi sur nous s’acharne ta rancœur

 PRIERE D’INTERCESSION

En rapport avec la prédication sur Ezéchiel 34/1 ; 10-16 ; 31,
Sur les mauvais bergers, dans la série III

            Prosphonèse, par deux officiants alternant : 1 et 2,
                                  avec Amen final de l’assemblée

1.      Seigneur Dieu, éternel, Père de miséricorde, 
nous te rendons grâces parce que tu as conduit
l’œuvre du salut à son achèvement,
et que tu as révélé ton Fils Jésus-Christ
comme le vainqueur de la mort.

2.      Fais qu’en lui nous trouvions cette paix
que le monde ne peut pas donner.
Donne-nous ton Saint-Esprit,
afin que nous fassions confiance à notre bon berger,
qui nous a ouvert la porte du Royaume
et qui nous conduit à la vie .

1.      Nous te prions pour ceux à qui tu as confié
la conduite de ton Eglise,
les pasteurs et les conseillers,
les présidents des consistoires et les inspecteurs,
les délégués et les directions de nos Eglises.
Fais qu’ils mènent le troupeau en bons bergers
et en fidèles administrateurs.
Nous te prions pour le bon témoignage de ton Eglise,
de ses bergers et de ses membres,
devant les frères et les sœurs et devant le monde.

2.      Nous te prions pour une prédication forte,
pour une administration fidèle des sacrements,
pour une aide aimante aux faibles,
pour une formation solide de la jeunesse,
pour une gestion éclairée des finances
et des biens des paroisses et des services de l’Eglise.

1.      Nous te prions aussi pour ceux qui dirigent le pays,
les régions et les communes.
Fais que leur gestion soit conduite par la justice et la vérité.

2.      Nous te prions pour les mauvais bergers,
pour ceux qui négligent leur travail
ou qui profitent de leur situation.
Change et convertis les cœurs
et ramène sur le chemin ceux qui se sont égarés.

1.      Nous te prions pour toute ton Eglise sur la terre,
afin que tu en fasses ta servante,
et que par sa parole et son témoignage,
elle conduise beaucoup d’hommes au salut.

2.      Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu,
à qui nous adressons notre prière
par Jésus-Christ, ton Fils,
auquel comme à toi, Père, et au Saint-Esprit,
soient honneur, louange et gloire,
aux siècles des siècles.

Assemblée : Amen

Sans transition, pasteur et assemblée
: Notre Père, qui es…