2011. 01 : SEPTUAGESIME, 1er du Précarême

Dimanche , le 20 février 2011

Mérite et grâce

Luc 17, 7-10

Chers frères et sœurs en Jésus-Christ ,

C’est le soir .
Après une longue journée de travail les serviteurs se dirigent péniblement vers la maison de leur maître. Ils sont fatigués, ils ont faim.  Mais leur journée n’est pas encore terminée . Revenus des champs, les serviteurs sont obligés de servir leur maître à table . Ils sont à son service 24heures/24. Ils doivent toute leur force et tout leur temps à leur employeur . Cette situation est tout-à-fait normale à cette époque. Celui qui a tant travaillé ne s’attendait pas à une récompense ou à un compliment . Faire ce qu’on  peut , c’est faire ce qu’on doit : c’est son devoir .
Mais tout de même , est-ce que Jésus ne va un peu trop loin en utilisant cette situation sociale la plus normale en ces temps pour en faire un exemple ?
Comment peut-il qualifier ces employés fatigués par leur travail  de serviteurs inutiles , de bons à rien ? Des paroles dures  et sévères qui peuvent nous troubler aujourd’hui .
 Mais ce n’est certainement pas le  but recherché .
Alors , que veut nous dire Jésus ?

1.tout d’abord, relevons que Jésus présente la parabole sous forme interrogative : « qui de vous s’il a un serviteur qui laboure ou fait paître les troupeaux lui dira quand il revient des champs, viens tout de suite te mettre à table .» ?
Il place les disciples dans une situation qui les oblige  à répondre eux-mêmes à ces questions . Ils devaient se mettre à la place d’un homme qui a un serviteur, un esclave . Tout le temps de travail appartient à son maître : le travail aux champs et le service à la maison .  N’est-ce  pas quelque chose de tout-à-fait normal ?
Mais quelles sont  ces activités dans les champs ?
Le serviteur laboure  et   fait paître ,  deux activités qui n’ont certainement pas été choisies sans intention . «  Vous êtes les ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de Dieu. J’ai planté, Dieu a fait croître » ,   écrit l’apôtre Paul aux Corinthiens (1cor.3)
N’est-ce pas à nous d’accomplir ce travail , planter la Parole de Dieu dans le cœur des hommes , devoir qui nécessite un labourage, une préparation  des cœurs que seul le soc de la charrue de la Parole de Dieu peut opérer pour obtenir le résultat désiré ?
Et Jésus parle aussi de paître . Cela nous rappelle le service confié trois fois à Pierre après la résurrection de Jésus : « pais mes brebis » (Jean 21), un service d’une  valeur inestimable .
Deux activités de serviteur , deux activités qui nous concernent tous :
Labourer : préparer le terrain pour qu’il puisse recevoir la semence, la Parole de Dieu et lui faire porter du fruit .
Paître : veiller sur le troupeau dont Christ est le berger .
Labourer et paître , deux activités qui vont de soi et qui n’attendent pas de remerciement .

2.c’est dans ce sens  que Jésus applique cette image à  ses disciples et à nous aujourd’hui : « ainsi, vous aussi , quand vous aurez fait toutes ces choses, dites : nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire . »
Que signifie ce mot : « inutile » ?
Inutile ne signifie pas :  dont on peut s’en passer . Bien au contraire !
Car Jésus montre bien qu’il veut utiliser ses serviteurs . Ce n’est pas une condamnation, c’est une constatation . Ce n’est pas dit pour nous abattre, mais pour nous relever .
Jésus montre qu’il ne se  fait aucune illusion sur notre compte . Il connait nos faiblesses et nos incapacités, mais il nous demande quand-même quelque chose, il nous demande beaucoup de choses .Ce ne sont pas nos maladresses , nos ratés qui importent , mais sa volonté de nous employer . Son amour envers nous dépasse notre incapacité . il a besoin de nous , aussi de nos gestes maladroits, de nos services imparfaits. Il sait que nos mains sont malhabiles,  nos pieds lourds ,nos cœurs étroits . Il le sait,  mais il continue à nous faire confiance .  Il le sait , et nous devons aussi lui faire confiance .
En effet, avec un maître comme lui qui ne se fait pas d’illusion, mais qui nous aime, on peut se mettre au travail . Le plus maladroit, le plus incapable peut entrer dans sa vigne, dans son champ . Chacun alors sait que l’erreur est pardonnée, le raté effacé ,  notre impuissance oubliée.
Tu es un serviteur inutile  ,  il faut se l’entendre dire  ,  mais ce n’est pas capital . Ce qui est décisif , c’est que le Christ nous appelle à travailler, à labourer et à paître . L’important c’est de faire ce que nous avons à faire , c’est de se mettre au travail avec celui qui peut tout, même nous rendre utile .

3. Mais n’y a-t-il donc aucun salaire ?
Non , ce maître ne nous doit rien , car i l est totalement Amour . Nous n’avons rien à revendiquer, sa récompense est pure grâce.
Ce maître a , en effet , introduit un nouveau rapport entre lui et nous , celui de la gratuité.
Nous n’agissons pas parce que nous le lui devons, mais nous nous mettons en route parce que nous le devons à nous , pour notre bien , pour notre joie . Ne cherchons pas à  savoir si nous sommes utiles ou inutiles , mais rendons grâce à Dieu qui  a besoin de nous .Il n’y a rien de plus beau que de savoir que le Seigneur a besoin de nous et qu’il compte sur nous malgré toutes nos imperfections .

Conclusion :

«  après cela , toi tu mangeras et tu boiras » dit Jésus .
Il y a donc un   « après » !

« après cela » se réalisera ce que Jésus a dit un peu avant notre texte : « heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant. Il se ceindra, les ferra mettre à table et s’approchera pour les servir. »
Le jour viendra où les rôles seront inversés !
Quelle grâce qui dépasse tout ce que nous pouvons comprendre !    Amen
                                                          

Cantiques   ARC  225     1-3                Alleluia       21/09     1-3
                                 261     1-3                                      41/02     1-3
                                 427      1-3                                     44/07     1-3
                                 889     1-4                                      62/78     1-5

¼ – Service des Lecteurs – SL – 8 – Marlise GRIESBAECHER – 20.02.2011

Prière d’intercession :

Seigneur notre Dieu , par le don gratuit de ta grâce , tu as libéré notre vie de la crainte de nos échecs, de nos inquiétudes , de nos faiblesses et de nos incapacités . 
Tu nous rencontres là où nous sommes et tu nous surprends par la grandeur de ton amour.  Remplis nos cœurs de reconnaissance et de joie,  rends nous forts et confiants et affermis notre foi .  
Bénis sois-tu pour tous ceux qui se mettent à ton service et qui ne cessent d’espérer en ton Royaume .
Ne permets pas, Seigneur, que quiconque  quitte ce culte sans la certitude de ta présence et de ton amour.
Donne à chacun de considérer avec un regard neuf et confiant tout ce que la nouvelle semaine lui apportera et lui demandera .Entends notre prière pour ceux dont le cœur est fermé, pour ceux qui pensent pouvoir vivre sans toi. Ne les prive pas de ton amour .
Fais comprendre à nos jeunes que la vie est pleine de sens quand c’est une vie avec toi.
Vois nos familles, parents et proches. Qu’ils mettent toute leur confiance en toi .
Prends pitié de tous ceux qui souffrent : les malades, les isolés, les désemparés . Sois leur force et leur espérance.
Nos attentes personnelles ,nos demandes pour les besoins de notre monde, de notre paroisse, de nos villes et villages, les prières que nous ont confiées nos amis et nos proches, nous te les disons dans le secret de notre cœur …………

                               Silence

Seigneur, ce n’est pas à cause de nos actes de justice que nous déposons devant toi nos supplications, c’est à cause de ta grande miséricorde.
Exauce – nous, au nom de ton Fils Jésus-Christ, qui nous a appris à te dire :

                                                  NOTRE   PERE…
              
                              
     
                               
                                Pasteur Marlise Griesbaecher