Pharisien et collecteur d’impôts
Dimanche 7 août 2005
Matthieu 21, 28-32
(Série de Prédication III (Predigtreihe III) : nouveaux évangiles)
Dans cette parabole, Jésus nous emmène dans un univers semblable à celui des contes !
Un père avait deux fils ; l’un s’appelait « oui-non » et l’autre s’appelait « non-oui » !
Nous sommes, à première lecture, peut-être choqués par cette double dénomination, à la fois simpliste et trop catégoriale ! Nous espérions un dieu qui nous regarde avec un peu plus de nuance ! Et pourtant : » oui-non » et « non-oui » font simplement écho à la catégorisation existante dans l’entourage du CHRIST / les bons croyants et les mauvais, les justes et les pécheurs, les hommes de bonne vie et les hommes de mauvaise vie, les pharisiens et les péagers. Mais honnêtement ? Sommes nous loin de cette vision dualiste ? de cette façon de classer les hommes et les femmes, notre entourage et le monde ? La parabole nous rejoint dans nos propres échelles de valeur, à la fois pour l’exagérer et mettre le doigt sur nos aberrations et pour mieux nous toucher dans notre vision du monde et de nous–mêmes. Une fois encore Dieu nous rejoint dans notre humanité !
Non seulement nous pensons et voyons le monde selon ces deux seules catégories, mais nous appartenons aussi à ces catégories !
Car nous sommes bien des fois des « oui-non « et des « non-oui ».
« Un homme avait deux fils il s’approche du premier… »
Et il s’approcha ! Dieu ne dirige pas une entreprise par l’autorité, ni par l’absence ! Non, il se dérange, il se déplace, il va vers ses fils, il s’approche et parle : « mon garçon… ». Il ne commande pas à des esclaves, ni à des inconnus sans importance à ses yeux ; il demande à ses fils.
« Va aujourd’hui travailler dans ma vigne… »
La vigne ! Si l’on connaît un tant soit peu les paraboles de Jésus et ses autres paroles, on sait que la vigne représente ce que Dieu a de plus précieux. Partant de cette considération, on comprend donc mieux encore qu’il ne s’agit pas d’un ordre d’aller travailler dans la vigne, mais d’une immense confiance. La confiance d’un père qui partage son œuvre, son bien précieux avec ses fils. La confiance qui va les élever au rang de responsables.
La vigne, n’est, désormais, plus seulement la vigne du Père, mais aussi celle des fils. Il « s’approche » et les fait entrer dans son intimité « là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ; »
Ainsi donc le père s’approche de « oui-non » et de « non-oui ».
Le premier fils répond : « non »
Avec lui, c’est l’incroyable réponse : « je ne veux pas ». Incroyable histoire de l’homme qui, dès qu’il est capable de dire « je veux » commence par dire : « je ne veux pas ». Dès que l’homme est capable de dire oui, il dit non. C’est une manière tout à fait humaine de vivre la liberté qui nous est offerte, une liberté dans l’affirmation de la négation qu’il s’affirme par la négation, et déjà les tout-petits, ils commencent par dire non ! C’est une manière de poser son identité, de donner ses limites à autrui.
Lorsque quelqu’un nous dit non, et en particulier nos enfants, alors surgissent des questions : éducation ratée, incompréhension, malaise. Nous voyons là qu’un réel amour donne la possibilité d’une révolte, il donne la possibilité à son fils de dire NON « me voici Seigneur ».
Arrivons au second fils ! C’est « oui-non ». Il est bien élevé, bien stylé ; il entend l’appel et se sent concerné. Mais il s’est trompé et sur le père et sur l’appel. Il réagit comme on réagit à un ordre, et non pas comme on reçoit une grâce, une faveur, un partage ! Il vit sa filiation comme un esclavage et non comme une liberté. Alors il reste enfermé dans son système de valeur : il croit qu’il est contraint, et par là même il ne peut s’en sortir que, désobéissant ! il croit qu’il a obéi en disant simplement qu’il allait obéir !
Quand on ne sait plus ce qu’est l’amour du père, quand on confond cadeau avec obligation, alors on ne sait plus où trouver la vigne, celle qui correspond à l’amour et des autres et de soi !
Quand on n’a pas découvert un père comment peut-on découvrir un frère ?
Il dit « oui, d ’accord » mais il remet à plus tard, il reste avec lui-même, et le pire : ce fils « oui-non » est persuadé qu’il a obéi ! Il pensait que son oui suffisait à Dieu. Nous sommes tous de cette catégorie, à un moment ou à un autre de notre existence : nous disons oui à Dieu, dans combien de baptêmes, à quelle confirmation, à quel autre moment de notre vie où nous nous sommes sentis touchés par sa parole, nous avons dit oui… Et puis nous avons continué notre existence telle qu’elle était !
Le fils « diplomate » esclave, n’a aucune chance de reconnaître l’amour du père. Le fils révolté, le « non-oui » aura toutes les chances de découvrir ? Dans ce face à face, car son NON implique du courage et un vis-à-vis avec son père. Le vrai « non » va déboucher sur un authentique « oui ».
Dans cette parabole en particulier, nous sommes touchés par le doigt de la grâce de Dieu. Jésus connaît l’humanité à laquelle il s’adresse, il sait de quoi nous sommes faits, il connaît nos contradictions, notre mal-être, nos difficultés à nous engager et nos révoltes.
Jésus témoigne là encore de son Père. Il est le vrai père, en butte avec les soucis du père, victime de son amour pour nous. Il nous perd bien souvent parce qu’il prend le risque de nous offrir la vraie liberté, le choix entre le oui et le non.
Et : il nous autorise de changer d’avis, il se réjouit du retour du fils prodigue.
En entendant cette parabole, nous savons que nous sommes, prêtres et anciens, prostituées et péagers, tous des OUI-NON et des NON-OUI .Mais que l’amour de Dieu est immense et que dans cet amour nous avons été baptisés. Ainsi ? Au-delà de nos révoltes et de nos supercheries, au-delà de nos bouderies et de nos tiédeurs, il nous attend pour travailler dans sa vigne, le royaume de DIEU. Amen
Evelyne Schaller, pasteur
CANTIQUES : N.C.T.C
130 : du fond de ma détresse
300 : Mon Dieu mon Père
301 : Consacre à ton service
PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL
Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.
Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.
A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.
Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).