2009. 10 : 10e dim après la TRINITE

Dimanche 16 août 2009

Luc 19, 41?48

Le Seigneur et son peuple

(Série de Prédication I (Predigtreihe I) : anciens évangiles)

Frères et soeurs en Jésus Christ

Vous le savez sûrement : chaque dimanche est doté d’un thème central et pourvu de lectures bibliques correspondantes. Cette partie du règlement intérieur de l’Église ne s’est pas mise en place du jour au lendemain. En l’espace de vingt siècles, ces détails sophistiqués de l’année de l’Église ont été mis au point peu à peu et semblent de nos jours avoir atteint leur apogée. En effet, l’Église catholique y a renoncé il y a peu et procédé à des coupes sombres, à des simplifications profondes, de sorte que, sur ce point précis, les églises protestantes sont devenues gardiennes de la tradition et que les catholiques innovent. Les rôles se sont inversés, mais nous n’avons pas honte de rester fidèles à la tradition de l’Église. En effet, ce que nous lisons dans le plan annuel de lectures bibliques et qui concerne les dimanches et les fêtes est devenu en quelque sorte le grand catéchisme de l’Église. Ce grand catéchisme nous rend un service indispensable : il remet sur le tapis des thèmes et des lectures bibliques qui dérangent. Ils ne correspondent pas à l’air du temps, mais nous rappellent ce que nos anciens pensaient devoir nous mettre sous la dent en fait de nourriture spirituelle et biblique.

Croyez bien que si nous avions pu choisi, nous aurions probablement évité de réfléchir au sujet d’Israël, au sujet du peuple de Dieu, thème qui constitue le plat du jour du 10° dimanche après la Trinité. Ce thème n’est pas commode, et les réponses ne sont pas faciles à trouver et à formuler. Parler d’Israël, pour un croyant qui s’inspire de la Bible et qui est au courant de tout ce qu’Israël a fait et subi, jusqu’à ces derniers mois (ou mêmes jours à vous de voir !), parler d’Israël risque toujours d’être un piège.

Que faut-il souligner ? Où placer l’accent ? Déjà si l’on considère les Hébreux, Abraham, les patriarches, Moise, la sortie d’Égypte et l’entrée en terre promise, on ne sait trop ce qu’il faut tenir, s’il faut négliger les zones d’ombre. Retenir les appels et les bénédictions du Seigneur ou bien les infidélités et faillites répétées du peuple ? Retenir l’obéissance exemplaire d’Abraham ou la danse autour du veau d’or ? Faut-il insister sur la loi, les dix commandements ou sur le culte sacrificiel ? Retenir l’émergence d’un roi, de la dynastie de David ou mentionner à l’instar des prophètes qu’Israël s’est prostitué, a été puni par l’exil et soumis par Dieu à des dominations étrangères ? Même si nous passons vite sur 3000 ans d’histoire de survie étonnante et de massacres incroyables, nous nous retrouvons en présence de l’état moderne d’Israël, duquel nous ne savons trop que penser. La majorité des juifs y est croyante, athée, cependant les orthodoxes, les croyants purs et durs s’affirment, signalent leur présence et défendent leur territoire reconquis avec détermination farouche. L’ensemble du spectre politique, de l’extrême droite à l’extrême gauche, et l’ensemble du spectre religieux, de l’incroyant jusqu‘au fanatique le plus intransigeant, tout ce microcosme grouillant et contradictoire fait partie de ce que le thème de ce dimanche appelle : le peuple du Seigneur.

Faut-il se réjouir du fait qu’Israël existe toujours encore, qu’il dispose de la force de frappe militaire la plus importante de la région, qu’il a toujours su tirer son épingle du jeu et survivre malgré des attaques et des guerres à répétition ? Peut-on dire qu’il y a là un miracle de la part du Seigneur et que, humainement et stratégiquement, on ne pouvait pas s’attendre à ce que David batte Goliath ? Malgré nos réticences premières, nous répondons par un oui auquel nous a contraints un examen critique et tranchant. Suite à la lecture de la Bible et à l’observation des faits historiques étonnants et surprenants, il nous semble bien qu’il faille répondre par : oui, Dieu étend sa main sur Israël, Dieu veut que son peuple survive.

Mais parallèlement et en même temps, nous posons la question : est-ce que, de nos jours aussi, Jésus pleure sur Jérusalem qui se détourne de Dieu ? Pleure-t-il sur une ville qui aurait besoin d’un sérieux coup de balai que l’on chasse les opportunistes et les corrompus, ceux qui profitent avec sans-gène de la religiosité des autres ? Pleure-t-il parce qu’on coupe des oliviers qu’on s’empare de sources, qu’on s’arroge le droit d’élever des murs même à travers champs et qu’on fait un usage inconsidéré des armes ? Notre Seigneur souffre avec Israël et protège son peuple, mais il souffre tout autant à cause d’Israël et de ses déviations politiques et sociales, surtout à l’égard des Palestiniens.

En ce cas, dans une telle situation, lorsqu’on ne sait pas trop que penser et qu’on est hésitant et désorienté, il est bon de se tourner vers Jésus-Christ, non seulement vers ce qu’il a fait, mais encore vers les commentaires qu’il a donnés dans certaines situations et qui sont pour nous autant de clés d’interprétation. « Ah, si tu connaissais ce qui te donnerait la paix », dit Jésus à l’adresse de Jérusalem. Puis il cite une parole de Dieu, au prophète Esaïe (56,7) : « ma maison sera ma maison de prière ».

Prenons le premier commentaire de Jésus : si tu connaissais ce qui te donnerait la paix. Jésus dit cela à l’intention de Jérusalem. Il fait sûrement allusion à l’étymologie de Jérusalem, qui se termine par Salem, par le terme de Shalom, la paix. La ville doit reconnaître que celui qui vient, Jésus, est le Prince de la paix, celui qui vient au nom du Seigneur.

Ensuite Jésus parle de la maison de prière. Jérusalem est l’endroit idéal pour la prière, le lieu où l’on s’adresse à Dieu pour l’adorer et pour l’invoquer, pour qu’il fasse descendre sur nous la paix. Or la citation du prophète Esaïe a une suite immédiate, qu’il faut prendre en compte : ma maison sera une maison de prière pour tous les peuples !

C’est ce qui se passe encore de nos jours, à nos yeux : quel ballet diplomatique ! Des responsables du monde entier viennent à Jérusalem. Ils se rendent compte du fait qu’Israël est une pièce essentielle dans la recherche de la paix, que sans Israël, il n’y a pas de paix possible. Il y a là de quoi méditer et réfléchir, de façon prudente, pour ce qui est des initiatives et des réalisations humaines, mais aussi d’y penser avec énergie, avec l’élan de la reconnaissance et de l’étonnement, sous l’impulsion de la foi et de l’espérance, car, à n’en point douter, le Seigneur prend toujours encore soin de son peuple, source possible non seulement de pleurs et de dissension, mais avant tout de paix et de bénédiction pour le monde entier. Amen

Paul FRANTZ

Cantiques possibles,

selon Arc en Ciel
Entrée : Ps 92a, 1 +2, Ps. 100, Ps 105
Ensuite Ps. 33, Ps 36, Ps 66
Après le sermon : Ps. 72, Ps 89, 534, 536

¼ – Service des Lecteurs – SL – 35 – 16.08.2009  – Paul FRANTZ

PREDICATIONS DU SERVICE DES LECTEURS DE L’UEPAL

Ces prédications sont fournies par le Service des Lecteurs de l’UEPAL.

Ce service a été dirigé par le pasteur Georges HUFFSCHMITT de Wingen-sur-Moder
puis 67290 VOLKSBERG (tél O3.88.01.55.41, courriel: g.hufschmitt@wanadoo.fr),
jusqu’en 2009.

A partir de cette année 2010, Mme Esther LENZ, de 67360 MORSBRONN-LES-BAINS
(tél: 03.88.90.07.02, courriel: esther.lenz@wanadoo.fr) reprend la direction.

Le Secrétariat est assuré par Madame Suzanne LOEFFLER,
au Secrétariat de la Paroisse de 67340 INGWILLER
(tél: 03.88.89.41.54, courriel : Suzanne.Loeffler@orange.fr).