POUR QUOI, POUR QUI, AS-TU ELEVE TON FILS, MERE ? 14-18 ss

POUR QUOI, POUR QUI, AS-TU ELEVE TON FILS, MERE ?
                Mutter, wozu hast du deinen Sohn aufgezogen ?

                                           Der Graben 

                                    Kurt Tucholsky 1926

1. Pour quoi, pour qui, as-tu élevé ton fils, mère ?
    Pendant vingt ans tu t’es échinée.
    Pour quoi courait-il dans tes bras tutélaires
    T’écouter doucement lui parler ?
    Jusqu’à ce qu’un jour ils l’emmènent,
    Mère, pour une tranchée lointaine.

2. Fiston, te rappelles-tu ton père ?
    Ton père te prenait sur son bras
    Il t’offrait un sou pour ta tirelire,
    Jouait « gendarme et voleur » avec toi.
    Jusqu’à ce qu’un jour ils l’emmènent,
    Fiston, pour une tranchée lointaine.

3. En face, les français, des camarades,
    Postés tout près des ouvriers anglais.
    Tous ont versé leur sang, quelque grade,
    Reposent côte à côte et en paix.
    Des vieux, des hommes, tant de jeunes,
    Dans une unique fosse commune.

4. Ne soyez pas fiers de vos médailles,
    De vos cicatrices, de votre temps. *
    Les nobles vous ont fait piétaille,
    La folie de l’état, les fabricants.
    Pour les corbeaux vous étiez nourriture,
    Pour les tranchés de la fourniture.
          * de service

5. Jetez vos drapeaux !
    Les fanfares vous jouent la danse des morts,
    Avec une couronne d’immortelles
    La patrie se souvient de votre sort.

6. Pensez à ces morts, à leurs râles.
    Des pères, des mères, des fils en face
    Travaillent dur pour un peu vivre.
    Tendez-leur par delà les rives,
    Comme un don, la main fraternelle,
    Par-dessus les tranchées. La vie est belle !


         Texte        Mutter, wozu hast du deinen Sohn aufgezogen ?
                          « Der Graben – La tranchée »
                          Kurt Tucholsky 1926, sous le pseudonyme
                          de Theobald Tiger
                          fr. :  Yves Kéler, 27.12.2013 Bischwiller

Le texte 

        Dans l’année de la première impression de ce chant(1926), l’Allemagne a rejoint la Société des Nations. A peine 2 plus tard, le 20 novembre 1926, « Der Graben » fut imprimé » dans le journal « Das Andere Deutschland – L’autre Allemagne. » Pour Tucholsky il était clair que la réconciliation des peuples n’était pas seulement l’affaire de la politique, mais avant tout celle du peuple lui-même. Dans le « Graben », qui thématise la Première Guerre Mondiale, il montre l’ineptie de la guerre. Quand Hitler vint au pouvoir, beaucoup de censures furent exécutées, par lesquelles cette chanson aussi fut réprimée, alors qu’elle avait trouvé un grand écho dans la population.   (Article de WIKIPEDIA)

Article original de WIKIPEDIA
Im Jahr der ersten Drucklegung dieses Gedichtes (1926) ist Deutschland dem Völkerbund beigetreten. Nur zwei Monate später, am 20. November 1926, wurde „Der Graben“ in der Zeitung Das Andere Deutschland gedruckt. Für Tucholsky war klar, dass die Völkerversöhnung nicht nur Sache der Politik ist, sondern vor allem das eigentliche Volk betrifft. In „Der Graben“, das den Ersten Weltkrieg thematisiert, zeigt er unter anderem die Sinnlosigkeit des Kriegs auf. Als Hitler an die Macht kam, wurden viele Zensuren vorgenommen, wodurch auch dieses Chanson verdrängt wurde, welches zuvor großen Anklang bei der Bevölkerung gefunden hatte.[1]

Texte original

1. Mutter, wozu hast du deinen Sohn aufgezogen?
Hast dich zwanzig’ Jahr mit ihm gequält?
Wozu ist er dir in deinen Arm geflogen,
und du hast ihm leise was erzählt?
Bis sie ihn dir weggenommen haben.
Für den Graben, Mutter, für den Graben.

2. Junge, kannst du noch an Vater denken?
Vater nahm dich oft auf seinen Arm.
Und er wollt dir einen Groschen schenken,
und er spielte mit dir Räuber und Gendarm.
Bis sie ihn dir weggenommen haben.
Für den Graben, Junge, für den Graben.

3. Drüben die französischen Genossen
lagen dicht bei Englands Arbeitsmann.
Alle haben sie ihr Blut vergossen,
und zerschossen ruht heut Mann bei Mann.
Alte Leute, Männer, mancher Knabe
in dem einen großen Massengrabe.

4.Seid nicht stolz auf Orden und Geklunker!
Seid nicht stolz auf Narben und die Zeit!
In die Gräben schickten euch die Junker,
Staatswahn und der Fabrikantenneid.
Ihr wart gut genug zum Fraß für Raben,
für das Grab, Kameraden, für den Graben!

5. Werft die Fahnen fort!
Die Militärkapellen spielen auf zu euerm Todestanz.
Seid ihr hin: ein Kranz von Immortellen –
das ist dann der Dank des Vaterlands.

6. Denkt an Todesröcheln und Gestöhne.
Drüben stehen Väter, Mütter, Söhne,
schuften schwer, wie ihr, ums bißchen Leben.
Wollt ihr denen nicht die Hände geben?
Reicht die Bruderhand als schönste aller Gaben
übern Graben, Leute, übern Graben -! [2]