LA SANGLANTE BATAILLE EST FINIE
Geschlagen war die blutge Schlacht
Die halbe Flasche 1843
La demi-bouteille 1843
Karl Simrock 1802 – 1876
1. La sanglante bataille est finie.
L’armée suédoise est partie ;
Aux Danois reste la victoire.
Beaucoup de victimes de la gloire,
Au sol, amis et ennemis,
Qu’ici la mort a réunis.
Et qui peut remuer un membre,
Peut sentir son voisin, le prendre.
Entre les morts blêmes se battent
Des demi-morts que la mort guette.
2. Parmi les héros survivants,
Un caporal était présent,
Couvert de gloire et de vieux sang,
Mais d’une grande soif souffrant,
En ce jour de chaleur si lourde,
Sous le soleil et dans la poudre.
La langue colle à son palais.
Alors retint son attention
D’un sac danois une bouteille
Remplie d’un vin de bonne treille,
3. Qu’il porte à sa bouche assoiffée,
Calmant son gosier altéré.
Il entend un Suédois crier,
Qui gisait là, jambe coupée :
« A moi, grand Dieu, miséricorde,
Je meurs ! » Le caporal l’aborde,
Marchant jusqu’à lui et s’empresse,
Oubliant sa propre détresse,
De mettre la bouteille en sa main.
4. Le Suédois voit l’ennemi :
La haine à la soif fait place.
Et cet ingrat tire à la face
Un coup contre le caporal
Qui voulait soulager son mal.
Protégé par un bon démon,
Qui détourne la balle au bond,
Il vit, devant son ennemi,
Alors maintenant à la mort promis.
5 ; « Tu n’y gagneras vraiment rien ! »
Crie le Danois, bouteille en main.
A sa bouche il met le flacon
Et boit, et boit, boit à foison :
La bouteille est à moitié vide !
Puis il dit au blessé livide :
« Vois-tu, avec ton tir perfide,
Tu as manqué d’avoir, stupide !
Un baume entier pour ta blessure :
La moitié reste pour ta cure ! »
6. Un capitaine ayant observé
Ce qui entre eux s’était passé,
Va chez le roi, le lui transmettre.
Lui, l’anoblit de main de maître
Et donne au soldat pour blason :
« D’un bon vin un demi-flacon ! »
Texte Geschlagen war die blutge Schlacht (1943)
Karl Simrock 1802 – 1876
dans Auswahl Deutscher Gedichte für höhere
Schulen, Theodor Echtermeyer, 34. Auflage
1903 (1. 1836), 978 Seiten
Halle, Verlag des Waisenhauses, page 125
fr. : Yves Kéler, 13.12.2010
SIMROCK, Karl Joseph, né le 28 août 1802 à Bonn, étudia le droit à Bonn et Berlin. En 1830, il quitta le service de la justice de Prusse et vécut comme précepteur privé à Bonn, jusqu’en 1856, où il obtint un poste de professeur de littérature allemande. Il est mort le 18 juillet 1876. (Echtenmeyer, p. 970)