LE JOUR FUT CHAUD ET SANGLANT – Der Tag war heiss und blutig

LE JOUR FUT CHAUD ET SANGLANT
              Der Tag war heiss und blutig

                    Le vainqueur de Torgau
                     Der Sieger von Torgau
                               Zieten

1. Le jour est chaud et sanglant
    Du long combat de Torgau,
    Et quand le soleil descend,
    La nuit, sur le champ s’étend
    Le silence, à la ronde,
    Des fusils, des canons.
    Parfois vers Süptitz gronde
    Un lointain bruit de fond.

2. Qui perdit la batille
    De ces deux combattants ?
    Est-ce Daun, de grande taille,
    Le petit héros, Fritz le grand ?
    Tous deux se combattirent,
    Dans la poudre et la fumée,
    A cheval ils s’avancèrent
    Dans la sanglante équipée.

3. A Torgau, sous les tentes,
    Le maréchal, assis,
    N’est pas là à l’attente,
    Encor moins assoupi.
    Car malgré sa blessure,
    Ce qu’avant tout il veut
    C’est qu’on dise : « Victoire ! »
    A Vienne, au fleuve bleu.

4. Pendant qu’à son délice
    Daun là s’abandonnait,
    Le grand Fritz en détresse
    Devant l’échec souffrait.
    Arrivé tard sur place,
    En la chapelle entré,
    Il s’installe et y passe
    La nuit dans ce quartier.

5. A l’autel, sur les marches,
    En pensées il se perd.
    S’il veut que l’un s’approche,
    Son regard le dit clair.
    A la lueur d’un cierge,
    Il passe la longue nuit
    Et réunit dans ses songes
    Son armée évanouie.
   
6. Quand le matin se lève,
    A cheval vers le camp
    Il va : Zieten arrive,
    Au roi dit sur le champ :
    « J’ai réussi ma ruse,
    Frappé comme l’éclair :
    Nous avons pris par surprise
    De nuit, Süptitz, la hauteur ! »

7. Emu, le roi en guerre,
    Par un si beau récit :
    Le brouillard se déchire,
    Sur l’armée qui s’enfuit !
    Le vieux Zieten peut rire,
    Fritz oublier sa douleur :
    Fritz remercie et tire
    Zieten fort sur son cœur.
   
   
         Texte        Der Tag war heiss und blutig
                          (Der Sieger von Torgau)
                          Martin Greif  1839 –
           dans       Auswahl Deutscher Gedichte für höhere
                          Schulen, Theodor Echtermeyer, 34. Auflage
                          1903 (1. 1836), 978 Seiten
                          Halle, Verlag des Waisenhauses, page 122
                          fr. : Yves Kéler, 4.12.2010
   
       
GREIF Martin, pseudonyme de Friedrich Hermann Frey, né à Speyer( Palatinat), le 18 juin 1839, fit ses études à Speyer et à Munich, entra dans l’armée en 1857 et la quitta en 1867, voyagea dans toute l’Europe, vécut à Munich, puis à Vienne et mourut à Kufstein (Nord-Tirol, Autriche), le 1er avril 1911. (Echtermeyer 1903). Il publia en 1868 « Gedichte – Poèmes », et en 1902 « Neue Lieder und Mären – Nouveaux chants et récits ». Il a composé une série de drames historiques : Nero 1877, Prinz Eugen 1880, Heinrich der Löwe 1887, Ludwig der Bayer 1891, Farncesca da Rimini 1892, Agnes Bernauer 1894, General York 1899. Poète fin, dans la ligne de Uhland, il rendait bien les sentiments humains et les descriptions de la nature. (Der grosse Brockhaus 1930)