CHEF COUVERT DE BLESSURES (rév) 1785-1839, Passion, Semaine sainte, Vendredi saint

PASSION
SEMAINE SAINTE
VENDREDI SAINT

       CHEF COUVERT DE BLESSURES
      Rév. de « Chef couvert de blessures »

         O Haupt voll Blut und Wunden

        Mél : Herzlich tut mich verlangen
                 O douloureux visage

                                                 original allemand
1. Chef couvert de blessures,                str. 1
Meurtri et tout en sang,
Chef accablé d’injures,
D’opprobre et de tourment,
De majesté divine
Couronné autrefois,
Mais maintenant d’épines,
Béni sois mille fois.

                                               manquent str. 2 et 3

2. C’est ainsi que tu paies                      str. 4
Le prix de mes péchés.
Or ces douleurs, ces plaies,
Je les ai méritées.
Mon âme criminelle
Est à tes pieds, Sauveur :
Fais donc tomber
Un regard de faveur.

3. Je vois que tu trépasses,                    str. 5
Jésus, mon bon Pasteur ! Hirte
Quels grands trésors de grâce
Je trouve en tes douleurs !
Mourant pour mes offenses,
Tu m’as acquis, Jésus,
La vie, la renaissance,
Et l’éternel salut.

4. Tu veux bien qu’au calvaire                 str. 6
Je te contemple, en croix,
Dans tes douleurs amères,
Pâlir, mourir pour moi.
Mon âme languissante
Peut-elle recueillir
Sur ta bouche mourante
Ton tout dernier soupir.

5. Victime impérissable,                           str. 7
Dont je suis tout épris,
Bonheur incomparable,
Que de sentir ton prix !
Mais quelle jouissance
Quand dans le sacrement,
Seigneur, tu me dispenses
Ton corps sacré, ton sang.

6. Oui, pour ton agonie,                         str. 8a
Tes maux et tes douleurs,
Je veux toute ma vie
Bénir ton nom, Sauveur.
Ta grâce est éternelle,
Et rien, jusqu’à ma fin,
Ne peut, Seigneur fidèle,
M’ôter hors de ta main.

7. Quand vers ma fin j’avance,                 str. 9
Apparais à mon cœur,                             str. 10
Parais sous l’apparence
De l’homme de douleurs.
En attendant, demeure
Toujours si près de moi,
Que je puisse à toute heure
T’embrasser par la foi.

8. Qu’ainsi ma foi s’en tienne                    str. 8b
A sa fidélité,
Jusqu’au jour que je prenne
Ma place en ton côté.
S’il veut bien m’apparaître,
Je verrai de mes yeux,
Ma chair, mes os, mon Maître,
Christ, mon Seigneur, mon Dieu.

9. Au jour que je décède                          str. 9
Dans les bras de l’Epoux,
La myrrhe, qui procède
Du corps meurtri pour nous,
Embaumera ma tente
Et jusqu’à mon tombeau :
Mon âme, alors contente,
Entre en l’Eglise en haut.



Texte

Chef couvert de blessures
Original allemand :
O Haupt vol Blut und Wunden
Paul Gerhardt 1656
Traducteur non signalé
dans Psalmodies moraves
1785 – 1839 : n° , 1862, n°
rév. : Yves Kéler, 6.8.2014 Bischwiller

Mélodie

Herzlich tut mich verlangen
Hans Leo Hassler 1601, 1613
(1564 Nürnberg – 1612 Frankfurt)
O Haupt voll Blut und Wunden
RA 76, EG 85
frs. :Chef couvert de blessures
LP 119
O douloureux visage
NCTC 200, ARC 452, ALL 33/13


Le texte

La traduction ne suit pas entièrement l’original : elle omet les strophes 2 et 3, qui décrivent le visage du Christ tuméfié et pâle. La strophe 8 de l’original est répartie sur 2 strophes, les 6 et 8. La strophe 9 de l’original, « Erscheine mir zum Schilde », devient la dernière, et la 10e de l’original devient la 7e.

On peut supposer que la description de la tête du Christ n’intéressait pas le traducteur, pour qui les mouvements de l’âme paraissent plus importants. Les éléments objectifs reculent devant les subjectifs, ce qui est une caractéristique du piétisme, dont Herrnhut est un des centres importants.

Les strophes 7,8,9, réorganisent la partie finale, ce qui explique la répétition de la chronologie : str. 7 : « Quand vers ma fin j’avance (or. : Lorsque ma fin s’avance) » et str. 9 : « Au jour que je décède », qui reprennent la strophe 9 de Paul Gerhardt. Le traducteur veut finir par la mort, il reporte de ce fait le contenu de la dernière strophe de Gerhardt dans sa 7e, à partir du 2e vers.

En revanche, l’auteur introduit des thèmes étrangers à Gerhardt : à la str. 5 il cite « le sacrement et le pain sacré et le vin. » L’original, dans sa strophe 5, dit : « Dein Mund hat mich gelabet Mit Milch und süsser Kost – Ta bouche m’a rassasié de lait et de mets sucrés », mais ici il d’agit des douceurs de la parole du Christ, pas du sacrement de la Cène.

Une grande partie des images et du style de Gerhardt disparaît. Le texte morave est plus plat que l’allemand. Mais ceci est une tendance générale à l’époque : la poétique des chants religieux en France est plus mauvaise que celle des textes profanes, et aussi que la poétique allemande des originaux. Il fat dire qu’à l’évidence il y a eu plusieurs traducteurs différents pour ces recueils français. Certains sont manifestement plus doués que d’autres.