SEIGNEUR, JUSQU’AUX BORNES DU MONDE (rév) Récoltes, Ps 65|9-14 to

RECOLTES
PSAUME 65

           SEIGNEUR, JUSQU’AUX BORNES DU MONDE
                               Psaume 65/9-14

         Mélodie : O Dieu, c’est dans ta Sion sainte, Ps. 65 


 

1. Seigneur, jusqu’aux bornes du monde       (4)
    Tout être espère en toi,
    Et tout, sur la terre et sur l’onde,
    Est soumis à ta loi.
    Ceint de tes forces redoutables,
    Tu montres ton pouvoir :
    Tu rends les monts inébranlables,
    Impressionnants à voir !

2. Ta voix fait sur la mer bruyante                 (5)
    Les vagues s’abaisser.
    Si leur ardeur devient pressante,
    D’un mot tu fais cesser !
    Devant tes oeuvres sans pareilles,
    Les peuples étonnés,
    Admirent tes grandes merveilles,
    Jusqu’aux lieux éloignés !
    
3. Des bords où le soleil se lève,                    (6)
    Ramenant la clarté,
    Aux bords où sa course s’achève,
    Tout chante ta bonté.
    Quand sur la riante prairie
    L’herbe va se flétrir,
    Du ciel tu fais tomber la pluie
    Qui la fait reverdir.

4. Voici que les plaines désertes                   (7 et 9)
    Viennent à refleurit ;
    Les coteaux et leurs pentes vertes
    Semblent se réjouir !
    Les vallons au pied des montagnes
    De grands blés sont couverts,
    Et l’on voit paître en nos campagnes
    Mille troupeaux divers !

5. C’est toi qui, visitant la terre,                      (8) 
    Fécondes nos sillons ;
    C’est ton soleil qui nous éclaire
    Et mûrit nos moissons.
    L’automne aux feuilles colorées
    Vient réjouir nos yeux :
    Ta main répand, toute l’année,
    Tes biens du haut des cieux.

            Texte :     Théodore de Bèze 1562, Ps.65/9-14
                             Révision de Valentin Conrart, 1679
                             Révision du Recueil  Eglises Réformées de 1895
                             dans LP 26
                             rév. : Yves Kéler, 2005

             Mélodie :   O Dieu, c’est dans ta Sion sainte, LP 25
                             = Seigneur, jusqu’aux bornes du monde LP 26
                             Loys Bourgeois 1543
                             NCTC Ps 65, ARC Ps 65

Le texte

         Cette forme du Psaume 65, particulièrement destinée au dimanche des Récoltes, est un classique du Louange et Prière, et fut chantée longtemps. Elle est d’une remarquable poésie, avec des images très évocatrices. On sent que les anciens avaient un contact presque charnel avec la nature, source de toute alimentation et de toute vie. Cette forme me paraît plus poétique que celle de Roger Chapal, qu’on trouve dans NCTC et dans ARC. C’est pourquoi je propose qu’on l’emploie pour les Récoltes.

         Dans NCTC et ARC, on a supprimé la division en deux parties du Psaume. La première partie visait l’adoration de Dieu dans son Temple et dans son Eglise, avec l’allusion à la confession des péchés et au sacrifice. La deuxième partie était réservée à la Fête des Récoltes. De reprendre cette division donne plus de clarté dans l’emploi du chant.

          Le texte actuel de LP est un regroupement des strophes de Théodore de Bèze et de Conrart, au nombre de 9. Valentin Conrart a révisé le texte de Bèze, ce qu’il ne fait pas coramment, car le plus souvent il retraduit le psaume à partir de la Bible. Le texte de LP ne correspond pas toutefois au texte de Conrart dans les Psautiers des 18e et 19 e Siècles. Le Recueil des Eglises Réformées de 1859 donne encore l’ancienne version du texte. Celui de1895 donne la nouvelle. c’est donc pour ce recueil que la révision, qu’on peut appeler excellente, fut entreprise, et ce texte repris avec quelques modifications par LP. Si on additionne les deux parties de LP, on obtient 3 + 4 = 7 strophes (voir la numérotation à droite des strophes). Ce raccourcissement donne plus de concision au texte, et n’est pas une dénaturation. Pour la partie 2, destinée aux Récoltes, j’ai repris la strophe 5, que LP avait laissée. L’ensemble donne un texte équilibré, qu’on peut chanter en deux parties, si on le désire : str 1-3  et 4-5 

         Ceux qui connaissent le texte de LP regretteront la belle image de la dernière strophe :  » L’automne, de fruits couronnée,  Vient réjouir nos yeux « . On remarquera que  » l’automne  » est féminin. L’expression n’est pas de Bèze, qui dit :  » La saison couronnée et ceinte  De tes biens on peut voir « , mais de Conrart :  » L’automne de fruits couronnée, Vient réjouir nos yeux « , reprise exactement par LP. Au 17e siècle on sentait la finale du mot comme une féminine, alors que le mot latin  » autumnus  » est bien masculin. Il me paraît délicat de conserver ce féminin dans notre époque où la langue un peu relevée est mal comprise. J’ai donc cherché un compromis entre les deux textes et propose :  » L’automne aux feuilles colorées  Vient réjouir nos yeux « , pour conserver l’intention de l’émerveillement voulue par les auteurs. Mais il est clair que si les gens comprennent l’expression, on peut très bien chanter le texte de LP, avec son évocation poétique d’une  » automne couronnée « .

La mélodie

    Elle est de Loys Bourgeois, 1543. Sa structure est régulière : VIII 9f.6, 9f.6 / 9f.6, 9f.6.
 
      Cette régularité de 8 fois 9f.6 lui donne un mouvement calme, apparenté à une marche. Mais cette régularité n’est pas uniforme. Les deux premiers doubles vers répètent la même mélodie, donnant une impression de progression calme. On trouve 5 blanches et 4 noires + 4 blanches et 2 noires. Mais les deux doubles vers de la deuxième moitié changent de rythme et vont plus vite : on y trouve 3 blanches et 6 noires + 2 blanches et 4 noires. Soit : d’abord 9 blanches et 6 noires, puis 5 blanches et 8 noires, quasiment l’inverse. De plus, la mélodie de la deuxième partie est continue, elle ne se répète pas. On obtient ainsi dans chaque strophe un progression calme puis une accélération de la deuxième partie, ce qui évite la monotonie, tout en laissant le temps de contempler ce monde si beau.

       Cette mélodie doit être chantée sur un rythme allant, sans exagération toutefois. Le double rythme signalé plus haut apparaîtra de lui-même et sera mis en valeur.