VERS TOI S’ELEVE MON AME (rév) Amour de Dieu, Prière, Noël to

AMOUR DE DIEU
PRIERE
NOËL

                VERS TOI S’ELEVE MON ÂME
                          Révision de LP 240 

           Mélodie : Freuet euch, ihr Christen alle
 

1. Vers toi s’élève mon âme,
    Eternel, mon Dieu, mon Roi,
    Elle soupire après toi !
    C’est toi seul qu’elle réclame :
    Toutes mes iniquités,
    Toutes mes infirmités,
    Les voici, Dieu secourable.
    Oh ! montre-toi favorable,
    Et délivre le coupable
    De ce fardeau qui l’accable !

2. Si devant toi nous ne sommes
    Que poussière et corruption,
    Immense est ta compassion !
    Tu voulus sauver les hommes :
    Tu nous donnas Jésus-Christ,
    Tu envoies le Saint-Esprit !
    Tu fais grâce au plus rebelle
    Dès qu’il te cherche et t’appelle.
    Fais que ton amour fidèle
    Nous garde en paix sous ton aile !

3. Veuille accepter nos louanges,
    Et consens que des pécheurs
    Te bénissent dans leur cœur !
    Répondant aux voix des anges,
    Alors, ce chant solennel
    Montera vers l’Eternel :
     » Gloire soit à Dieu, le Père,
    Gloire à son Fils, notre Frère,
    Gloire à l’Esprit de lumière,
    Dans les cieux et sur la terre ! »

Texte :       Vers toi s ‘élève mon âme      
                 Théodore Monod 1895
                  LP 240  
                  rév :  Yves Kéler 1985

 Mélodie :     Freuet euch, ihr Christen alle
                  Andreas Hammerschmidt 1646
                  RA 28, EG 34
                  fr. : Vers toi s’élève mon âme
                        LP 240 et 540 pour l’Alléluia

Le texte et la mélodie :

          Ce très beau texte de Théodore Monod combine le souffle des Psaumes et celui de l’épopée du Christ, et de notre aventure avec lui. Monod l’a placé sur la puissante musique de Noël de Hammerschmidt 1646, destinée au cantique «  Freuet euch, ihr Christen alle « , de Christian Keimann 1646. Dans le Gloria de la 3e strophe, on sent que Monod reprend la puissance du refrain de Keimann-Hammerschmidt, ce qui fait bien des strophes 2 et 3 un chant de Noël. Il ne se termine pas par le Gloria des anges, comme on pourrait s’y attendre, le Gloria in excelsis, mais par le Gloria Patri, qui est la petite doxologie et qui récapitule toute l’histoire du salut..

         Pour cette raison, l’édition de LP de 1964 propose d’encadrer les strophes, en particulier ces deux, du Alléluia de l’original allemand, sous le n° LP 540. Cette manière de chanter donne au cantique une ampleur impressionnante. On peut très bien, dans un culte de Noël, isoler ces deux strophes et les chanter avec l’Alléluia, avant ou après la prédication, qui rappelle pourquoi le Christ est venu vers nous.

        Si on emploie le chant en rapport avec la confession des péchés et la pénitence, le Alléluia ne me paraît pas convenir, car, d’une part le caractère festif de ce dernier n’est pas approprié, d’autre part il donne une massivité au chant qui lui enlève l’aspect méditatif qu’il doit prendre dans ce cas. La joie interne de la mélodie suffit à empêcher le chant d’être une simple plainte, et à faire sentir le bonheur du pardon et du salut. 

La révision de ARC 403 :

         La révision de ARC de 1987 (NCTC ne donne pas le chant) donne un certain nombre de solutions aux problèmes de la 2e strophe, qui correspondent à celles que j’ai proposées en 1985. En revanche, les corrections de la 1ère et de la 3e strophe me paraissent malheureuses. Elles sont conditionnées par le rejet de trois expressions :  » l’Eternel « ,  » l’âme  » et  » les iniquités « .

        On veut supprimer  » l’Eternel « , comme titre de Dieu, qui est la traduction, approximative évidemment, de Iahvé,  » celui qui est « , sous entendu : de tout temps. Cette tendance a triomphé dans la nouvelle Segond, où le mot  » Seigneur  » remplace l’Eternel, avec un certain nombre d’imprécisions d’ailleurs. Or ce titre, qui n’a rien de faux, est une des caractéristiques du protestantisme français. Le remplacer par principe est sans intérêt. On le voit ici : on a écrit  » Mon Dieu, mon Père et mon Roi « . Or Monod ne visait pas tant la paternité de Dieu que sa sainteté et sa divinité de Iahvé-Eternel, de Elohim-Dieu et de Mélek-Roi de justice, qui condamne le pécheur, non-saint et injuste. Ici nous sommes dans l’Ancien Testament. Le Fils apparaît à la strophe 2, suivi du Saint-Esprit. La strophe 3, rappelant le salut par la naissance du Fils, se termine par l’acclamation, en commun avec les anges de Noël et d’Esaïe 6, de la Trinité comme récapitulation de l’histoire du salut. Il faut donc respecter le texte de Monod et rétablir le premier verset.

        De même, on veut supprimer l’âme, selon une mode récente qui n’a aucune justification solide. Au lieu donc de  » Vers toi s élève mon âme « , on dit  » Vers toi j’élève mon âme « , plaçant le  » je  » au centre. Or dans l’A.T, l’âme désigne la personne et équivaut à  » je « . La construction :  » Eternel, j’élève à toi mon âme « , existe aussi, par exemple dans le Ps 25/1. Mais cela n’oblige pas à supprimer la formulation de Monod. De même la citation littérale du Psaume 42/2 :  » Mon âme soupire après toi « , est remplacée par un plat :  » J’ai soif de toi « , pris au verset suivant du Ps 42 :  » Mon âme a soif de Dieu « , mais dépouillé de  » l’âme « . D’ailleurs, que vient faire ici la  » faim  » ? Est-ce un écho au verset sur la soif du Ps 42 ? A la fin de la première strophe, la correction aboutit à un contre-sens : on dit à Dieu :  » Toi seul, amour admirable, Peux porter ce qui m’accable « . Ceci est le rôle du Christ, pas du Père.

         Enfin on a voulu remplacer  » Toutes mes iniquités, Toutes mes infirmités « , que chacun peut comprendre, par  » Mon fardeau et mon péché, Ma faim, mon infirmité « . Monod, par  » iniquité « , visait seulement l’injustice de l’homme et, par  » infirmités « , son incapacité d’être juste par lui-même. Le  » fardeau  » ayant été déplacé vers les vers précédents, on se retrouvait avec un trou dans les deux derniers vers, qu’on a bouché avec la phrase citée plus haut :  » Toi seul, amour admirable, Peux porter ce qui m’accable « .

         Ces corrections sont sans utilité et donnent un texte cahoteux. Or le texte de Théodore Monod est beau poétiquement et dogmatiquement correct. Seules les corrections de caractère linguistique s’imposent.