26. MON CŒUR, EN CE BEAU TEMPS D’ÉTÉ (trad) Geh aus, mein Herz, und suche Freud Jour, Loange, Eté, Nature

JOUR, LOUANGE                               N° 26
ÉTÉ, NATURE,
SAUVEGARDE DE LA CRÉATION


                 MON CŒUR, EN CE BEAU TEMPS D’ÉTÉ
        Geh aus, mein Herz, und suche Freud, Pr 1653/56 

                Sommergesang – Chant d’été (E 1666/67)

                                     Psaume 104

                    Mélodie: Nun Hosiann Davids Sohn

                                                VI 8.8.7f / 8.8.7f

T                           raduction de Elsa Laborie

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                        A.   Louange terrestre : la beauté de la création

1.Mon cœur, en ce beau temps d’été, ICH-MOIGeh aus, mein Herz, und suche Freud
 Dieu nous invite à la gaieté,  In dieser lieben Sommerzeit
 Répandant ses largesses. An deines Gottes Gaben ;
 Vois la beauté de nos jardins Schau an der schönen Gärtenzier
 Qui pour nos joies, dès le matin, Und siehe, wie sie mir und dir
 Se parent de richesses Sich ausgeschmücket haben.
2.Les arbres au feuillage dru      DIE-LADie Bäume stehen voller Laub,
 Et l’herbe couvrent le sol nu Das Erdreich decket seinen Staub
 D’un manteau de verdure. Mit einem grünen Kleide;
 Vois, les narcisses dans les champs Narzissus und die Tulipan,
 Sont mieux vêtus que Salomon Die ziehen sich viel schöner an
 Dans toutes ses parures ! Als Salomonis Seide.

                                 *                                                                                          *

3.La tourterelle prend son vol, Die Lerche schwingt sich in die Luft,
 L’alouette et le rossignol Das Täublein fleucht aus seiner Kluft
 Recherchent les ombrages. Und macht sich in die Wälder;
 Tous les oiseaux font résonner Die hochbegabte Nachtigall
 De leur chant tendre et modulé Ergötzt und füllt mit ihrem Schall
 Forêts et pâturages. Berg, Hügel, Tal und Felder.
4.La poule garde ses poussins ; Die Glucke führt ihr Völklein aus,
 Cigogne sur le toit se tient, Der Storch baut und bewohnt sein Haus,
 Sous le bord l’hirondelle. Das Schwälblein speist die Jungen 
 Chevreuil et cerf, biche apeurée, Der schnelle Hirsch, das leichte Reh
 Dans les vallons s’en vont brouter Ist froh und kommt aus seiner Höh
 Leur herbe fraîche et belle. Ins tiefe Gras gesprungen

                                *                                                                                          *

5.Les eaux bruissantes dans les prés Die Bächlein rauschen in dem Sand
 Et leurs rivages sont ornés Und malen sich in ihrem Rand
 De verts buissons pleins d’ombre. Mit schattenreichen Myrten. 
 Là les troupeaux et leurs bergers Die Wiesen liegen hart dabei
 Vont au soleil du plein été, Und klingen ganz von Lustgeschrei
 Points clairs sur l’herbe sombre. Der Schaf und ihrer Hirten.
6.L’abeille infatigablement Die unverdrossne Bienenschar
 De fleur en fleur va butinant Fleucht hin und her, sucht hie und dar
 Son nectar avec zèle. Ihr edle Honigspeise ;
 Le cep puissant pousse des fruits, Des süssen Weinstock starker Saft
 La sève monte jour et nuit Bringt täglich neue Stärk und Kraft
 Dans ses sarments si frêles. In seinem schwachen Reise.
 7.Le blé qui pousse avec vigueur Der Weizen wächset mit Gewalt,
 Les champs dorés, semés de fleurs, Darüber jauchzet Jung und Alt
 Au grand Dieu rendent gloire. Und rühmt die grosse Güte
 Il comble au cœur tous les humains, Des, der so überflüssig labt
 De tant de dons, de tant de biens : Und mit so manchem Gut begabt
 A Dieu soit toute gloire ! Das menschliche Gemüte

                                *                                                                                          *

8.Et moi je ne me tairai point :  ICH-MOIIch selbsten kann und mag nicht ruhn ;
 Mon Dieu, ta grâce et tous tes soins Des grossen Gottes grosses Tun
 M’ont délié la langue ! Erweckt mir alle Sinnen ;
 Oh ! que jaillisse de mon cœur Ich singe mit, wenn alles singt,
 Un cantique au Dieu créateur Und lasse, was dem Höchsten klingt,
 Comme une sainte offrande. Aus meinem Herzen rinnen.

                         B.   Louange céleste : la beauté du paradis

9.Seigneur, si tu es ici-bas    Ach, denk ich, bist du hier so schön
 Si bon, si généreux déjà Und lässt du uns so lieblich gehn
 Sur notre pauvre terre, Auf dieser armen Erden,
 Que sera-ce un jour dans ton ciel, Was will doch wohl nach dieser Welt
 Cité promise à Israël, Dort in dem festen Himmelszelt
 Où règne ta lumière ? Und güldnen Schlosse werden !
10.L’éclat qui luira dans ce lieu,WELCH-Welch hohe Lust, welch heller Schein
 Les harmonies devant mon DieuQUELLEWird wohl in Christi Garten sein !
 Et les myriades d’anges Wie muss es da wohl klingen,
 Tous chantent d’une même voix : Da so viel tausend Seraphim
 « Alléluia, Alléluia, Mit eingestimmten Mund und Stimm
 A Dieu seul la louange ! » Ihr Halleluia singen !

                                *                                                                                          *

11.Oh ! que ne suis-je déjà là,ICH-MOIO wär ich da, o stünd ich schon,
 Devant ton trône, Dieu mon Roi Ach süsser Gott, vor deinem Thron,
 Et dans les mains mes palmes. Und trüge meine Palmen,
 Je chanterais parmi les chœurs So wollt ich nach der Engel Weis
 Des anges, comme l’un des leurs, Erhöhen deines Namens Preis
 Tous les plus beaux des Psaumes. Mit tausend schönen Psalmen.

                         C.   Louange terrestre : la consécration du fidèle

12.Mais puisque encor je vis ici Doch gleichwohl will ich, weil ich noch
 Avec mon corps et mes soucis, Hier trage dieses Leibes Joch,
 Je veux te rendre grâces. Auch nicht gar stille schweigen 
 Où que je sois, que tout mon cœur Mein Herze soll sich fort und fort
 Ne batte qu’en toi seul, Seigneur, An diesem und an allen Ort
 Et jamais ne s’en lasse. Zu deinem Lobe neigen.
13.Accorde-moi en ton saint nom,ImpératifHilf mir und segne meinen Geist
 Dieu, toute ta bénédiction : Mit Segen, der vom Himmel fleusst,
 En moi tout sanctifie. Dass ich dir stetig blühe !
 Produis des fruits de sainteté Gib, dass der Sommer deiner Gnad
 En moi par grâce et par bonté, In meiner Seele früh und spat
 Tous les jours de ma vie. Viel Glaubensfrücht erziehe 
  
      
14.Par ton Esprit transforme-moi  Mach in mir deinem Geiste Raum,
 En arbre verdoyant pour toi, Dass ich dir werd ein guter Baum,
 Dont les racines boivent Und lass mich Wurzel treiben ;
 L’eau qui les baigne et les nourrit ; Verleihe, dass zu deinem Ruhm
 Ainsi la cime refleurit Ich deines Gartens schöne Blum
 Sans cesse pour ta gloire ! Und Pflanze möge bleiben.
15.Oh ! prends-moi dans ton Paradis! Erwähle mich zum Paradeis
 Je veux, jusqu’au pays promis, Und lass mich bis zur letzten Reis
 T’aimer de tout mon être. An Leib und Seele grünen ;
 Oh ! je voudrais me perdre en Toi, So will ich dir und deiner Ehr
 Ici, puis dans le ciel, mon Roi, Allein und sonsten keinem mehr
 Te voir et te connaître ! Hier und dort ewig dienen. 

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Texte :

Geh aus, mein Herz, und suche Freud
Paul Gerhardt 1653
Cr Si 140/40
RA 326, EKG 371, EG 503
fr. : Elsa Laborie 1988 (Belgique) * 1910
Carnet Jaune de Woerth, 1986, en 15 strophes
ABD Alléluia, bénissez Dieu 1988, n° 552, en 7 strophes

Mélodie :

Nun Hosianna, Davids Sohn
chez Balthasar König 1738
RA 326,
Mon coeur, en ce beau temps d’été
ABD 552

ou Geh aus, mein Herz, und suche Freud
August Harder 1813
EKG 371, EG 503

ou Kommt her zu mir, spricht Gottes Sohn
1505, spirituel 1530, Nuremberg 1534
RA 410, EKG 245, EG 363
Cette mélodie est proposée par Ebeling en 1666

Le texte

La traduction d’Elsa Laborie

La traduction est d’Elsa Laborie, qui vivait en Belgique. Elsa Laborie a traduit le texte intégralement. Sept strophes en avaient été retenues pour ABD en 1988, par Ernest Muller, qui connaissait cette personne, habitant la Belgique et qu’il avait fait venir à Strasbourg pour une réunion de travail, dans le cadre de la révision du Louange et Prière. Je n’ai pas réussi à la situer davantage. Le texte complet de sa traduction figure dans le Carnet Jaune de la paroisse de Woerth, Bas-Rhin. Elsa Laborie a fait d’autres traductions, qu’elle avait présentées à la réunion précitée, mais je ne sais pas si elles ont été publiées.

L’émerveillement de Paul Gerhardt

Paul Gerhardt a écrit là un chant très remarquable par son plan. On peut le diviser en trois grandes parties, de longueur différente :

A. la louange terrestre, des strophes 1 à 8, consacrée à célébrer la beauté de la création
terrestre dans laquelle nous vivons actuellement.
B. la louange céleste, des strophes 9 à 11: la louange dans le Royaume, celle du paradis à
venir, qui est comme la quintessence sublimée de notre monde
C. la louange terrestre, des str. 12 à 14 : la louange sur la terre, en attendant le Royaume

Les trois parties ont un contenu différent : la 1e partie est une description de la création de Dieu. La 2e partie une louange céleste, la 3e ramène à la louange terrestre du Créateur. Le passage de la seconde à la troisième est marqué par les paroles : « …weil ich noch Hier trage dieses Lebens Joch – puisque je porte encore Ici le joug de cette vie », traduit par : « Mais puisque encor je vis ici ». L’auteur est ramené sur terre, puisqu’il n’est pas encore au ciel pour en contempler la beauté. C’est cet aller-retour « terre-ciel-terre » qui fait l’originalité du plan de Gerhardt.
La description de la création dans les strophes 1 à 8, avec son cortège de plantes et d’animaux, sauvages et de basse-cour, est la partie la plus célèbre du chant. Celui-ci a connu un immense succès à travers les siècles et est toujours chanté avec joie dans beaucoup de paroisses, surtout rurales.

La mélodie

Ce chant connaît plusieurs mélodies. Cranach-Sichart signale une mélodie d’origine, proposée par Ebeling : « Den Herren meine Seel erhebt », qui est probablement celle d’un Magnificat. Puis celle de « Kommt her zu mir, spricht Gottes Sohn », qui est celle d’une ballade de Georg Grünwald, de 1530. D’autres mélodies, très belles, pour chorales à quatre voix existent.

Mais la belle mélodie classique est celle de Balthazar König : « Nun Hosianna, Davids Sohn », une mélodie des Rameaux, qui s’adapte bien au texte et qu’on trouve dans le Recueil alsacien RA 326. En Allemagne en revanche, les recueils EKG 371 et EG 503 proposent la mélodie de August Harder de 1813, qui s’apparente au Lied allemand romantique. Elle est allante et populaire, mais il faut la chanter avec légèreté, retenue et modulation, pour éviter qu’elle n’ait l’allure d’un chant de marche folklorique.